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Affichage des articles du juin, 2015

Ma douleur est au Mexique

Nourrir des efforts Afin qu'ils ne maigrissent pas. Je pends à mon cou un autre cou Qui s'empresse de développer Une tête soufflant Des silences hasardeux. Mon cœur a un appétit féroce, Il mord tout ce qui bouge, De l'insecte frivole à la fille À tête de prêtre. J'ai mon église au fond de l'iris, J'ai mon pied au fond du deuil, Et j'écris à mon propre sperme Que la vie continue. Des lucioles jouent autour De mon ancien corps de bébé, Je prends la main de ma mère Et je coupe ses ongles. Un fantôme pleins de doutes Vient frapper mon œil. Courbatures des mots, Ma douleur est au Mexique Sur un bateau ivre.

Festival du Film Loupé La Rechute

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Je participe au Festival du Film Loupé le 26 juin à Metz avec mes performances poétiques. Ami(e)s du Grand Est, venez ! Pour plus d'infos : http://www.lefestivaldufilmloupe.com/

Je pense

Débris de pensées sur un sol en marbre. Les journées comptent leurs doigts, Une curieuse jupe fulmine devant un ours, J'entends les ombres courir entre mes veines. J'arrête pas de penser, je pense, je pense, je pense, Je pense, je pense, je pense, je m'époumone En attendant que la caméra cesse Et qu'un gentil monsieur me donne une tape Sur l'épaule pour me dire que c'est fini. La porte claque entre mes deux narines, Je respire le non-sens et ma tête pendouille Entre deux siècles, J'ai ouvert le cœur d'un lézard Lors d'un de mes rêves. Puisque les murs ont des oreilles, Je vais leur dire ce que je pense. Mais je pense, je pense, je pense, Je pense, je pense, je pense, je pense, Je pense, Et je ne dis rien.

Rien Existe

La colombe entre dans la mort. La mort a des ongles-sourcils, Y'a des lunes qui oublient de cacher Le soleil, Alors, les populations frottent leur peau. J'ai déjà pensé à mon âge, Petit nombre qui survit Grâce à l'eau boueuse. J'ai le crâne qui sent la pizza, L’œil qui s'ouvre sur la mer, Et le goéland Vient déposer une rose Entre mes pieds. Rien n'existe, Rien existe, Je fends la terre Pour y retrouver La plasticité du vagin de ma mère. Dormir six mains sous terre Et coopter les fleurs Afin qu'elles taisent ma présence.

La montagne

La montagne porte une robe Et j'angoisse, j'angoisse À l'idée de regarder en dessous. Dans l'état hybride dans lequel je me trouve, Entre cirque et hôpital, Je mange un singe Dans une barquette de frites. Mes yeux érotomanes attrapent Des oiseaux, des hiboux et des chèvres Et j'empeste le soleil Comme s'il était ma deuxième peau. Un camion de pompiers joue au policier, Une table s'agite en apprenant son cancer, Les épines dorsales de la rose interdite Me piquent et la montagne S'endort, La robe fendue.

Y a des chats qui laissent leurs poils Sur mes poils

L'épée au-dessus de mon pied Est en coton. J'ai déjà hurlé dans un bocal, Le poisson rouge a souri Et a vendu la mèche à ma chaussure. Devant un microphone, Je fais la bête avec mes gros yeux, J'étends mon être jusqu'aux confins De ma tête allant de mon oreille gauche À mon oreille droite. J'ai des lunettes en ciment, J'ai un ongle à l’œil Et des doigts douloureux Car je tapote sur mon ordinateur Ces mots qui s'en vont Dans votre iris cachottier. Y a des chats qui laissent leurs poils Sur mes poils, Y a des ventilateurs devant mon cœur, Il sèche, il sèche Puis plonge dans la mer.

Je suis enceint

Danse dans les bras d'un chat. S'asseoir sur une dune et compter Les grains de sable qui me séparent De mon ventre. Le temps équivaut à un corps encore enceint, Toujours enceint, Sans cesse enceint. Je suis enceint, Enceint de mon nombril qui n'a jamais vraiment disparu, Enceint de mon nom Qui m'est apparu Le jour ou ma mère était enceinte. Les amours se jettent dans des draps, Les ombres se jettent dans des assiettes, Le placard est encore trop grand Pour absorber mes chromosomes. Je laisse mes cœurs aboyer Devant un miroir livide. Et l'amour engraisse. Je suis enceint.

Un néon fait le paon

J'ai fait un écart D'un pas En voyant Un éléphant rose. On a le ciel qu'on mérite, Des langues se jettent par la fenêtre, Une voiture court sur la piste de danse, Un cinéma diffuse une photographie, Le cœur me siffle Quand je passe devant lui. Un cheval s'emballe Pour être plus compétitif Sur le marché, Un néon fait le paon Et l'on voit le monde Autrement.

Toi qui m'a regardé

Toi qui m'a regardé Avec tes yeux de colibri, Tu as avalé mon cœur Et censuré mon sexe, Couvert ma tête Et côtoyer ma chemise en berne. J'ai arrêté ma pensée pendant Quelques heures, Un mot venait avec sa gueule de vache Et hurlait devant moi quelques-uns de Mes oublis. Tu m'as conquis, je me suis perdu, Je me suis perdu, au milieu de mon cul. J'ai cherché dans mon cerveau Les éraflures de mes ongles, J'ai parcouru un cimetière En tenant une pastèque à la main, J'ai couru près de mes lèvres Pour oublier les tiennes. Un couple mort vide une armoire, Je laisse mes clefs sur la table Et je pars souffler sur une voiture Qui m'accompagnera dans mon vide Intérieur.

Le ciel couvre ma tête comme un chapeau

Hécatombe de soldats sur le sol. J'ai joué avec mes paupières pour mieux Voir l'horizon, Il y a des astres en forme de pingouins Qui me parlent, Une nuit chauffe son cœur contre ma peau, Le ventilateur fait du bruit pendant que je dors, Je ne souris pas aux souris mangeant du fromage Avec du pain. Le ciel couvre ma tête comme un chapeau, Je ne me pense pas comme une bête à mot, Ni comme une bête à deux dos, Mais comme un organigramme Sans cesse renouvelé. À ma tête, il y a moi, À la comptabilité, il y a toi, Et au service informatique, Il y a eux. Ma vie ressemble de plus en plus À une chaise qui marche Dans les allées du Parc des Princes. Mon corps est de plus en plus frileux Car lorsqu'il s'étourdit, Il a peur du midi. Il prend du rosé avec de la neige Au fond du verre, Il oublie le bruit des asticots Qui font dodo sous terre Et il s'invite à un bal masqué Le jour de ses 26 ans.

Et pourtant je me bouche les yeux

Les chaussures que porte l'année qui vient Sont sales. Mon ombre fait de l'ombre à mon corps, Je passe mon temps devant un lent nuage Qui s'impatiente de rencontrer des avions. Les journées se mordent la queue, Un ébéniste caresse un arbre, Une chaussure s'ouvre en été Et les drames sont des songes Que l'on ne veut pas connaître. J'ai pu apercevoir mon œil Dans une boîte de thon. La mer engloutit des murs Plus grands qu'un ours. J'ai des poils à n'en plus finir, Mon dos étudie la médecine Derrière une table. L'eau coule un peu partout Dans mon corps, Le robinet crie une pensée De Victor Hugo « L'eau delà est une respiration Pour grand-père ». J'exécute une nuit, La lune s'entête et Part se couper les ongles. Un ogre vide son sac, Il y a du camembert Et des chenilles. Mon chien me parle de la lune, Je l'entends Et pourtant je me bouche les yeux.

Ma boule au cœur

Nous sommes dans le ciel Avec des épées et des lettres Dans la bouche. On regarde la vie comme si On était Gulliver, Nos pieds sont en velours, Le cerveau se met à parler À mon cœur Et lui dit :  « veux-tu devenir artiste? » Alors je cours entre les arbres, Je fends un tronc Et je salue les fourmis Qui m'écrase de leurs regards Assez familiers. La fenêtre est en plâtre, Le soleil est en marbre, Le ventilateur est en rayon, La chaise est en carbone Et mes mains sont en nylon. Je laisse les poissons marcher Dans la rue avec leurs pattes de renard Et j'écoute ma propre voix se faire La malle dans une cave foraine. Un silence s'étonne d'être un silence, Et puis les jours ont le sommeil Dans les yeux.