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Affichage des articles du septembre, 2016

CHU

La petite vie Que j'ai attendue est passée. Un ouragan d'étoiles Me ferme les yeux. Je jette un cœur Sur la frontière. Un homme se cache Derrière le dos d'un âne. Une soucoupe volante Fait des nœuds dans le ciel. Les cendres de Maurice S'envolent. Un oracle prédit l'avenir Des fourmis. Elles finiront au CHU de Tourcoing. Une tête tombe en trombe Sur un trombone. Les fragments de mon discours Font un bel écrin pour qui sait aimer. Le geste de la mort est en deçà Du geste de lire. Une ventouse perd ses mains. Un animal déforeste Le monde. Une langue d'automne S'abstient au printemps. Tout le monde est content, Sauf le Pape.

Une maison

Un bain coule au niveau de la mer. Des petits hommes bleus s'acharnent A écrire des romans. Une tombe tombe du côté des vivants. Un cercle blanc fait reculer Les chats. Une belle cylindrée fait le tour De la ville. Un organe s'agite dans le corps D'un malade. Des charlots construisent Une baraque pour Qu'y vienne souffler Le loup. Une maison se cherche Une place. Un ordinateur chauffe Un crâne. Des lunes sans tête Comblent mon vide. Je cherche l'humour Dans le discours de ce bon Vieux Robert. Il est temps pour moi De faire mes valises.

Le chant

Le chant des sirènes Fait un boucan monstre. Je suis à pied dans ma voiture Et j'attends que l'on me rembourse Mes 80 euros. Le matin, j'angoisse En regardant les nouvelles à la télé Et je me dis : « Il y a un homme Tout en bas qui a le pouvoir De changer ça ». Et cet homme, C'est un présentateur télé. J'ai un bocal dans l'oreille gauche Et deux portes aux orteils. Je ne supporte pas Mon nombril, Il est mou, Il me rappelle ma sortie de Terre, Lorsque j'étais attaché A une fleur.

Le doux rêve

Le doux rêve qui m'habite Comme un moine Me fait revenir à mon enfance. J'avais des cheveux plus grands qu'une péninsule, Je jouais avec les dès que ma mère me jetait. Je regardais les voitures passer Devant moi avec l’œil humide Car ce sont elles qui m'ont forgé Mon goût de la poésie. Je mangeais des pâtes, Des pâtes, Oui mais des Panzani, Et j'avais des pansements Aux genoux parce que j'étais tombé Au foot le jour de mes 4 ans. Je faisais du vélo Avec mon père Le matin de mes 3 ans. Je regardais la télé Pendant que la fenêtre miaulait De toute son âme. J'étais un enfant, Et je faisais caca comme tout le monde.

L'escargot

Les voitures défilent, Un homme s'arrête sur la chaussée, Glissante. Une peau de banane et des fariboles. Il tombe. Un passant le ramasse. Il meurt. Puis il ressuscite. On en fait un Dieu. Il parle de Jésus à la télé. Il est invité chez Laurent Ruquier. Un escargot s'invite à cette soirée. Il dit d'un air circonspect : « La valise est toujours aux normes ». Un vase tombe. Les cendres du Monsieur s'envolent. C'était une nuit comme les autres A Cincinnati.

Un homme

Y avait un homme qui se cache Entre mes côtes, Je ne le connaissais ni d’Ève ni d'Adam. Il me parlait de ses enfants, De sa femme, De sa maison au fin fond de la Bretagne. Il a pris le bateau le jour de mes 20 ans Et il n'est jamais revenu. Alors maintenant, Il y a son enfant qui dort entre mes côtes, Je ne le connais ni d’Ève ni d' Adam, Il me raconte ses jeux, Il joue à cache cache. Parfois il va dans mes poumons Et me dit en rigolant Que j'ai trop fumé. Mais moi j'y crois pas, Alors je fume, Et je le laisse parler.

La dame en bleu

La verte chaussure De la dame en bleu Est tombée par terre. Je nargue mon cerveau Car il me parle tout le temps. Il arrête pas. Je le cogne, Je l'expose, Je le dorlote, Je l'amour, Je l'aime. Je tourne un peu en rond Dans ma cabane en bois. J'ai arrêté de dormir cette nuit Car un moustique me faisait La cour. Un matin est toujours Plus vivant qu'un soir Même si le soir, Les oiseaux meurent Pour que l'aube vive. J'écris au dos de mon ours Que je suis fatigué De tout. Alors j'éteins mon cerveau Avec la clef d'un âne Qui ressemble à une carotte. Car pour ouvrir la peau de cet animal, Il faut lui courir derrière. Alors on tombe. Et on se relève. Les fesses à l'air. Et le cerveau en guenille.  

Le manège

Le manège à côté de chez moi Est petit. Il y a des petits enfants Sur des petits chevaux Qui tournent, qui tournent. Un jour j'irai à l'hôtel sans payer Et je dormirai sur mes trois oreilles. C'est long une heure, C'est plus long qu'un serpent Ou qu'un écran noir. Les écrans noirs, C'est ce qu'il y a dans ma tête Tous les matins. Alors j'écris, Pour oublier qu'il y a un manège A côté de chez moi.

Œil de coq

J'ai un œil de coq Et un pied de biche. Je danse autour d'un arbre Pour qu'il prenne feu. J'aime bien regarder dans mon ventre S'il n'y a pas un gosse qui traîne. J'ouvre l'armoire, Elle est solide. Je m'y cache. Pendant ce temps, Rien n'est plus égoïste qu'une montre. Je tape ma tête contre ton épaule. Je sens l'amour. Je sens l'amouuuur. Un dromadaire travaille Dans le chantier du nouveau zoo Qui va ouvrir dans quelques jours. Un humain tape dans la tronche D'un autre être humain. Des mouches qui pleurent. J'ai un mouchoir dans ma poche.  C'est pour mes fuites urinaires.

Tête de crayon

Parfois, On meurt avec une brindille entre les lèvres. Les cœurs se serrent comme des tulipes blanches, La photo du Monsieur qui est à côté de moi Cache une fenêtre Dans laquelle je veux embarquer. Les citadelles et les maisons ont Des toits de coton. Un coyote porte une ampoule sur son épaule, Des petits doigts touchent le crâne D'un ancien président de la République. Les livres se feuillettent dans mes narines. La lumière se cache pour attraper des oiseaux. Une table accouche d'une autre table. Deux familles discutent autour d'un gibier. Les enfants s'enlacent et dansent Avec leur tête de crayon. Une caméra borgne filme les derniers jours Du poète à tête de lune. Un nuage attrape rageusement Une goutte de pluie. Les jeunes gens n'entendent plus rien. Je gratte le mur Pour voir s'il y a un chat qui se cache derrière.