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Affichage des articles du mars, 2017

J'ai connu

J'ai connu un homme Qui avait deux têtes. L'une disait oui, L'autre disait non. J'ai connu un autre homme Qui avait une bosse. Il buvait beaucoup d'eau. J'ai déjà senti l'haleine des ordinateurs, Le roseau pensant qui se posait Au bord du lac pour réfléchir A la dévaluation de l'euro. Un mexicain traverse la frontière, Des petites mains en forme De crabes dispersent l'eau des océans Sur le continent. J'ai connu un homme qui avait Trois pays au cœur. J'ai connu deux hommes qui avaient Un océan dans les poches. J'ai connu du monde, Et le monde m'a connu, Bébé à tête de lièvre Croupissant dans un monastère En attendant que la lune Lui fasse signe. J'ai lu des livres sur les rois de France Et je m'en porte pas plus mal. Je suis le roi de mon corps, Le corps roi, Le corroi. J'enguirlande mon abdomen Quand il me menace de partir. J'attrape mes poumons dans L

Auriculaire

Ma mémoire flanche. Vers la gauche. J'ai perdu un auriculaire En jouant à chat avec le diable. J'ai vu dans tes yeux, Un œil, Et dans ton autre œil, Un œil. Œil pour œil Dent qui danse. Le matin de mes 28 ans Est gaie, Il y a des hirondelles Qui toussent, Un chapeau qui tombe, Des routes qui transpercent Les camions. Le gravier tombe de la colline. Un renard ouvre grand la bouche Pour l'attraper. Les miroirs échangent Leur utilité avec les cartons. Une soupe à la volaille Et on part à la chasse. Un peintre déteste son tableau. Alors il l'offre à ses amis anglo-saxons. Les toilettes sont sèches. Un homme de 59 ans Achète une courgette. Des petits bonhommes se cachent pour mourir. Un éléphant ça trompe énormément. Le panier en osier Est fermé. Mon corps agite ses organes Pour séduire les dames. Une tombe parle à une autre tombe De la conjoncture économique au paradis. Une rose pousse sous le so

La grippe

Dimanche, j'ai attrapé une grippe A la moutarde. Je regardais un film policier à la télé Quand soudain je fus propulsé Dans le monde de la fièvre Et du ventre qui gargouille . J'ai attrapé la grippe, J'en suis pas peu fier. Je me suis enfoncé dans mon lit, Mon corps a fait couler une rivière D'eau bénite sur mes draps, Et j'ai dormi tous les jours, Sans m'arrêter, La fièvre sans fin qui nous manipule Les os, Qui nous coud l'esprit En de jolis automates, Qui nous grave une fleur fanée Dans le cerveau, Qui nous fait glisser des miroirs Sous le pied. C'était la grippe et son lot De dinosaures aux dents Qui m'a fait comprendre Qu'on est peu de chose Face à un cerveau fou Qui dessine notre moelle Sur une carte des vins.

Un marin

Avec ses yeux qui dominaient la mer Un matin de juillet, Le marin pêcheur attrape une licorne. Les téléphones s'appellent automatiquement, Un aigle traverse la prairie ce matin, Il voit un bélier taper sa tête contre un arbre. Les vases coulent dans la bouche Du monde, Une porte se perd sur l'autoroute, Une voiture croasse devant Un homme extatique, Les charmes de mon ventre Se font voir jusqu'en Asie. Une lune met son bonnet Un jour de plein soleil. Et les joues rougissent.

Chameau

Le chameau a deux bosses Sur sa tête. Il est tombé en skate. Les choses parlent à mon ventre Pendant que j'attrape une comète par la queue. Un chat ne se perd jamais. Les rats, voilà un beau sujet ! Il y en a plus de neuf milliards dans le monde, Et une fée se penche sur mon nombril Pour me rendre mon cordon ombilical. Les vestes que j'ai mises Marchent toutes seules Sur le sol. Trente-cinq langues parlent De la dernière décision de Dieu. Elles ne sont pas vraiment d'accord.

Les orteils

Mon nombril s'ennuie. Il n'a pas trouvé le sommeil dans le ventre De ma mère. Les matins cachent un mort Sous la nuit, Des hyènes courbent l'échine Devant un homme nu. Le silence a du poil au nez Et les orteils écartés. Un hélicoptère printanier S'insurge de l'air trop pollué. Un dieu s'invite dans la maison De dieu. Donc c'est bien sa maison. CQFD. Les chats ont les pupilles dilatées. Une robe danse avec une robe Sous le regard d'une paire de lunettes. Le sol est de plus en plus mou. On ne naît pas debout, Malgré tout.

Le ciel

Le ronflement de l'eau Me permet de dormir sur mes deux orteils. Un homme, la trentaine, attrape Un traîneau et se fait passer pour le Père Noël. Des enfants déguisés en fourmi Chantent le bénédicité Sous un cheval. Une soucoupe volante traverse Le cœur d'un grand-père en voie d'extinction. Des lunettes de Dieu se pose sur mon nez. Je regarde le ciel mourir de faim Et les hôtels ferment leurs portes Le matin de mes 28 ans. Une chaise se pose des questions Sur le sens de la vie, Un génome humain moustachu Envahi la France, Des lunes sans-abris Demande l'aumône Au môme à trois têtes. Une cicatrice se révèle exactement bien placé Sur mon bras, Les gens tirent sur des aquariums Pour manger le dernier poisson. Un corps en forme de citron Se verse dans de l'eau, Des chameaux sans âme courent Jusqu'au ciel. Une bosse, deux bosses, L'eau s'endort, Et moi avec.