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Affichage des articles du octobre, 2015

La fin du plastique

La fin du plastique. Un couvercle enferme Un homme depuis 1 000 ans Dans une casserole-rossignol. Il chante, se chauffe le dos Avec l'aide d'une bouilloire. Des tigres fondent dans sa bouche, Son corps suit les courbes de la bourse, Un mannequin argentin lui tend la main, Ils dansent, Le tango, le mambo, le zouk. Un cuisinier prend le couvercle, Y dépose un homard. Le homard cache un trésor Entre ses pinces, C'est le ventre vide du vide. L'homme le respire Avec la candeur d'un rossignol. Le homard meurt, Le ventre vide, Du vide.

Je suis né dans une pupille

Le monde est rond, Ma tête est plate. Le monde a deux continents plus trois, Ma tête a deux roseaux plus trois. Mon paysage est de plus en plus flou, Je le parcours à l'aide d'une règle et d'une équerre, J'y vois des crevasses et des palmiers saluer L'homme qui m'a précédé. Les murs font du bruit pendant que je dors, J'écris un mot, puis deux. J'écris sur mon biceps Que la lampe m'assombrit peu à peu. Je suis né dans une pupille, Je suis né dans une pupille. Les wagons s'installent autour de ma porte. Un milliard de gens en sortent. Je me fais photographier en robe de chambre. Les étoiles ont du rouge à lèvres. J'attrape une parcelle du monde. Il est rond. Ma tête est plate.

Je crains mon propre ventre

Je crains mon propre ventre, Je crains mon propre ventre. Il peut me manger, m'étouffer, Me tendre, me sourire, Me créer, me laisser en plan Devant ma bouche Qui est de plus en plus grande. Mon intestin attrape un oiseau, Il s'envole et se pose sur un nuage, Devenant l'appareil digestif du ciel. Mon intestin devient l'appareil digestif du ciel. Et les croix fument devant des cercles. Je ne laisse pas mon cerveau près D'une plaque électrique. Je propose à mes mains de devenir Mes yeux. J'attrape les paysages, Les monts et les vallées. J'avale une couleuvre puis deux. Ma couleur se sent bien. Ma couleur se sent bien. Ma couleur se sent bien. Ma monnaie clope dans un portefeuille. Ma couleur se sent bien.

Je me vois avancer

La chanson sans fin Qui résonne dans ma tête Fait des bonds, des entourloupes, Communique entre mes bords Et je jette les mots avec la fureur d'un tigre. Les routes marchent sur moi Pourtant je me lève du pied droit, J’aère mon ventre de temps en temps, Je cache les voix croupissantes dans ma tête. J'écris, je me laisse courir, Je me vois avancer avec la tristesse d'un rire, Je me vois avancer avec les mains coupées, Je me vois avancer entre les lèvres d'un chat. Le temps fera peut-être un geste pour moi.

Une fenêtre gronde

Une masse d'été Grouille en hiver. Je porte un masque Pour mieux comprendre Mon ogre. Il y a des miroirs dans la population Qui sont de plus en plus petits. Je cause du midi à minuit Et du minuit à midi. Une main ne fait que passer. Rien ne se jette dans l'estomac Sauf la nourriture que je veux bien Y mettre. Un oracle m'invite à la fin du monde. J'y fais les magasins et j'ouvre Une boite de sardine pour l'au-delà. Une fenêtre gronde car, il n'y a plus de nuages. Je me tatoue un serpent sur la peau Les jours de mon anniversaire.

Je retrouve mon corps

Je confonds la masse de bruit Et le silence, C'est ainsi qu'une vieille porte Me donne l'envie de sortir de mon corps Quelques instants. L'automate devant lequel Je marche m'ouvre une église. Je vais y prier, Offrir ma foi à des bougies Plus vivantes que moi. Je m'assoupis sur le dos d'un bœuf Et trace au feutre le premier jour de ma naissance. Une équipe de jambes marchent Jusqu'à l'immeuble, Un écureuil fait des pompes, J'entre en moi avec la clé de nuit. Je retrouve mon corps. Mais je peux le revendre.

On a des vides

On a des vides plein les mains et pourtant on s'échappe. Mon cœur fait dans la dentelle, Dans le putassier et l'ordurier. Je ne colporte pas les ombres qui m'ont parlé. J'entends des voix de soldats me demandant D'arrêter la Terre. Il y a une machine à kebab qui tourne dans ma jambe. Je ne laisse pas le ciel faire les courses le jour de Noël. Pardon ! Pardon ! Pardon ! A ma langue sans nom Qui se rétracte quand arrive le midi. J'avale un bœuf, Je fais tomber un œuf Et j'enterre ma dernière tête Dans le vase rose. Mon sang ne fait qu'un tour de manège, Les dimanches sont philanthropes, Mon corps prend son bain tout seul, C'est un grand garçon. Je fais des miracles en exposant mes tétons Face à la mer. Dieu revient. Il chante, Il danse.

Il y a des yeux

Il y a des yeux qui me concernent Et d'autres qui ne me concernent pas. J'ai vu des colombes agripper sans soucis La fleur et le fusible de mon électricité. Je me menace souvent avec un couteau Mais je me dis « non, non, il ne faut pas Se faire des ennemis intérieurs », Alors je pose ma main dans ta main Et je m'endors le cou au ventre comme un cygne. Des œufs fissurés pensent que je suis leur père, Je ne fabrique pas mon ombre avec de l'huile d'être. Mon cœur dispose de plusieurs mots pour dire «je m'aime ». Un courrier vient d'arriver ; Il me raconte les turpitudes de mes aïeux. Alors je pleure. Je pose une larme sur mon genou. Je ferme les volets. J'éteins la lumière. Et je pleure.

Le phallus et la momie

Le phallus et la momie. Dans un été pluvieux Comme le  regrettent   les vétérans, Un homme confond sa tête Avec une ampoule Et  fait   des gestes pour rattraper Le temps perdu. Dans un son ou dans une vague, Il y a tout son attachement au monde, À   ses principes et ses petites contrariétés. Le ventre de ma bête gronde, Il y a un arbre dans le sac d'une vieille dame, Les secondes commencent à s'essouffler  Et voilà que  commencent   les minutes. L'homme momie au phallus dégarni Jette une oreille féconde  Sur le sol en marbre  Du vieillard embourgeoisé. Un être fait ses emplettes  Dans les émotions des autres. C'est ainsi que l'homme fait l'amour Avec la colère et la disparition. La disparition.

Me souvenir

Le sac est plein de roues, Le sac est plein de roues. Il y a des sacs dans mon ventre, Des saxophones entre mes lèvres Qui soufflent, qui soufflent ! J'attrape une main que je ne connais pas Pour me reconnaître. Les pieds dorés, Le torse bombé, Les jambes tendres Et les cheveux-assiettes. Mon corps est un somnambule Que je n'ai jamais vu, Sauf une nuit dans les bois. Il faisait le clown dans un cirque, Coupant son nez pour faire rire Les enfants d'enfants. Je jette ma nuit au fond de la mer, L’œil fait des bonds sur les nuages. Un miroir parle, soliloque, Couvre le visage d'un ours Qui ne veut pas se voir. Je me douche sur ma langue. Je bois pour me souvenir... Me souvenir...

Ombres-mammouths

Y a des ombres-mammouths Qui font de moi une pulsion sur patte. Je vais dans ma propre tête Creuser l'inconscient Pour y découvrir Des masses d'algues Et des poissons à tête de renard. Il y a un os dans ma jambe, Il y a un os dans mon bras, Je dois me cacher. Il y a os dans ma tête, Il y a os dans mon oreille. Il y a des vagues entre mes doigts de pieds. Le ciel fait amende honorable Et retourne de là où il vient. Je fais la manche aux oiseaux Pour qu'ils me prêtent un bec. Une viande se cuit. Le passé fait un bond en avant. On se retrouve en 1920. Je pose mon haut-de-forme Sur mon inconscient. Ma télé allume mon corps. Je ne vois plus rien. Rien.

Je m'écarte

Les jeunes mains s'attrapent Et se tordent pendant Que je bois mon café Dans un bateau en Norvège. Il y a des courbes, Des viandes et des langues Sans rêves. Je ne pense pas avec mon cerveau Je pense avec mon pied. Je le pose sur mon oreille Et j'écoute mes prochains pas Pour comprendre un chemin. Le chemin se tord, se cambre, Je ne le connais pas. J'attrape un ? Et le pose autour de mon cou. Ma tête se ? Pendant des heures. Je mange des portes. Je ne ménage pas mon chien. Je dors dans le siècle Avec des années aux pieds. Il y a des voitures entre mes jambes, Des embouteillages et une peau longue. Ma peau est longue, ma peau est longue, Le bateau se jette dans l'eau. Il y a des ombres inconnues autour de ma bouche. Je ne me penche pas. Je m'écarte.