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Affichage des articles du novembre, 2015

Folie passagère

Il y a des routes que l'on traverse Et des trottoirs que l'on ne traverse pas. J'ai vu dans un œil que j'étais petit, J'ai vu dans un nombril que j'étais tout gros, J'ai senti sous l'aisselle de Dieu Pour voir si j'avais une lueur. C'était un leurre. Le temps ne fait que passer, Il danse entre mes côtes. Je pense donc j'essuie La sueur sur mon crâne Du fait de trop penser. Il y a des secondes Qui montent des brigades De fous pour annihiler L'espèce humaine. Une cohorte de montres Font la manche devant Un magasin de chocolat. Il y a un silence derrière moi, Il me suit, Me regarde avec un air vicieux. Je dois me taire. Je crois. Je pense. Je pense que je dois me taire mais j'en suis pas sûr. Je parlais des secondes, Ha oui elles ont fait la fête hier Et ont dormi de midi à minuit Avant que je parte dorloter Mon ascenseur Qui ne monte plus Depuis que j'ai posté mon nombril à la poste. Une chais

Qu'allons-nous faire de toute cette vie ?

Le miracle de longer Le sol jusqu'aux derniers mots De ma grand-mère, Le miracle de dormir debout Au-dessus d'une langue D'un Dieu amorphe. Je vais clouer ma main Sur un mur, Je mords dans un pain Assez léger Et parle à mon ventre De mes turpitudes. Une veste blanche s'assoit à mes côtés et pose Sa manche sur mon épaule. Je regrette le fin fond du feu Qui m'a fait naître. Je ne suis qu'une luciole Dans un champ d'ampoules. Le creusement de mes joues Me fait gonfler le ventre. J'ai quatre lundis et un mardi Sur mon calendrier. Qu'allons-nous faire de toute cette vie ? Qu'allons-nous faire ?

Labyrinthe

Vidé, les jambes courageuses Et le grenier téméraire. Je pose un soldat de plomb Sur mon nez, Je pose un soldat de plomb Sur ma chair éconduite. Je joue à faire le chat Pendant que la souris Danse dans le berceau. Il y a des flûtes qui ne traversent pas Mes tympans, Il y a un ordinaire qui se consume. Je fais mon escargot Pour mieux percevoir l'avenir, C'est un labyrinthe de clous Avec un soleil au bout. Je me lave le nez Et la vie est droite, Droite dans ses bottes.

Avancer

Avancer, Avancer avec un pull noir noué au cou. Avancer avec du béton au pied. Avancer, Avancer avec la nuit qui ne dit plus bonjour, Avec les vagues qui ne disent plus aurevoir, Mais qui reste collées aux jambes Comme des langoustes fanatiques. Avancer, Avancer, Avec le bruit de l’air qui n’est plus respirable, Avec un corps redevenu concret, Avancer malgré les murs qui s’attachent au sol. Avancer malgré tout. Avancer malgré tout. Les silences avalent les mots, Les mots avalent les gens, Et tout autour de nous, La vie continue. Avancer, Remettre les doigts de pieds en éventail, Allonger sa peau jusqu’à soi, Avancer, Avancer, Avancer, Avancer malgré tout.

Je marche

Je marche, je marche, Jusqu'à la fin des temps Pour voir si cela existe vraiment. Une écume fait la manche aux oiseaux. Je pose ma tête devant un ventilateur Pour comprendre les effets de l'air Sur mes pensées. Elles roulent, elles roulent Jusqu'au nuage plus petit Qu'une pièce de deux euros. Un tableau se fait tout seul. Un bébé se fait tout seul. Une prison se ferme toute seule. La clope fume une clope derrière un miroir en satin. Un oiseau de malheur fait Le bonheur d'un pigeon. Comme quoi la vie est bien faite. Sauf quand on a une crevasse à la tête.

Stallone

Un écureuil court dans ma poche. Je vais dans l'au-delà ouvrir un magasin De têtes de vies pour squelettes de morts. J'ai vu un lion citadin faire du vélo Dans une année presque molle. Je frappe à ma porte et je m'ouvre Pour voir ma tête pour la première fois. Il y a des gens au cinéma qui dorment Pendant un film d'action. Je pense que c'est Stallone qui cherche Son chat pendant une heure et demie. Le miroir se brise et pourtant Je n'ai eu qu'un an de malheur Dans ma courte vie. Des vagues font la moue Devant la terre ferme. Un ours cherche un poil Sur le crâne d'un chauve. Mon ventre se referme Et le temps fait de la place Pour l'immobilisme.

La douleur de perdre un oiseau

La douleur de perdre un oiseau Équivaut à la douleur de perdre la parole. Je vais et je viens sous mes doigts. Je suis une figurine blanche aux cheveux noirs Et j'indique la position fœtale à mon corps. Un hydravion fait les cent pas devant Ma bouche, Je bois, je bois, je bois, Jusqu'à ce que mon ventre Devienne une fontaine. Mes milliers de clones hurlent à l'unisson Pour obtenir une goutte. Mes pieds s'enferment dans un manoir Durant une centaine d'années. Je féconde un bruit, Je féconde un bruit Avec ma langue. Mon corps se cache dans un mur. Il se cache même dans les quatre murs De ma chambre. Un ordinateur marche à cloche-pied Au milieu de la pièce. Je me marre malgré mes ongles Qui tombent. Une lumière couvre le soleil Pour quelques instants. Une pyramide fait la toupie. Mille corps déambulent dans une ruelle. Je jette un regard sur ton regard. La nuit nous berce dans une rose Frétillant lenteme

anche / hanche, par Angèle Casanova ( à partir d’une démonstration technique de Rose S.)

elle tourne lentement le roseau dans l’axe sa main fait un va-et-vient rapide entre le bout d’écorce et le bas du mandrin où il est accroché elle vérifie que l’ensemble est bien droit quand tout est prêt elle prend un bout du fil à coudre qui pend du pied de la coiffeuse fait un nœud autour du roseau tire sur l’appareil tend le fil le plus possible et tourne longtemps un fuseau arrondi se forme à la jonction du roseau et du mandrin quand la rainure est comblée elle fait un nouveau nœud et coupe le fil alors elle prend du vernis à ongle et enduit le fuseau souffle un peu pour le faire sécher plus vite et dépose l’ensemble dans un verre à dents l’anche est prête peut-être jouera-t-elle peut-être pas nous le saurons bientôt le hautbois l’attend *** Je l’ai écoutée me donner ces explications techniques. Me parler  de l’importance de ces gestes. Le son vient de l’anche. Sans elle, le hautbois est muet. Elle parle, et des

De la nourriture pour les vagues

Le liquide se vide. Un entonnoir fait la fête avec des Apaches. Mon ombre sculpte mon corps Pour qu'il ressemble à un geste perdu. Des montagnes grimpent sur mon dos, Je pose mon œil au sol Avant de cueillir ma larme. Une cicatrice fait un don Aux hôpitaux, Une ligne entre dans un cercle, Un cercle sort d'un triangle, Ma tête coule entre mes épaules. Je crée un couloir à deux têtes, Je crée un couloir à deux têtes. Des somnambules font leurs devoirs Sur une table sans chaise, Un écuyer décide de monter Sur un oiseau. Le temps compte les graines de tournesol. Mon visage fait le tour du monde Avec son âne. De la nourriture pour les vagues. De la nourriture pour les vagues.