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Affichage des articles du mai, 2016

Le soleil fait des pompes

Le soleil fait des pompes Sous une chaleur étouffante. Un enfant regarde par la fenêtre Ses parents s'envoler. Un homme cherche son pied Dans un magasin de chaussures. Une ampoule s'impose à nous Alors qu'on n'a jamais voulu de lumière. Un lac noir coule sur nos jambes, Une vie s'étale sur la chaussée. Une framboise s'agite pendant Que la Terre tourne. Une cigarette fume une cigarette. Les bouches s'échangent. Une porte s'écarte de la langue Du chameau. Mon cerveau s'acharne à dévêtir Les idées. Un muscle me sort par l'oreille.

Une balançoire

L'été fait des bébés avec la mer. Le jour du seigneur se situe entre Le 14 juillet et le 20 août. Un enfant se jette dans les bras de son père. Une église tombe sur un jardin public. Les courses se font et se défont au gré des supermarchés. Un homme abdique devant le roi. Une balançoire culbute un renard. Des marchands de sable jouent De la trompette pour réveiller les petits. Un miroir trompe le jour en se maquillant. Une jeune femme pose sa main Sur le dos d'une vieille dame. Les journées courent les unes derrière les autres.

Un jardin

Un jardin se termine toujours Par une main. Les matins d'août, Il fait chaud, Les nuages se servent à boire Pendant que le Père qui est aux cieux Donne du pain aux mouettes. Le temps s'assombrit peu à peu, Un homme fait le tour de lui-même Pour voir s'il n'a pas un pli Sur son pantalon. Les tableaux se raréfient, On en vient à regarder la nature Avec un œil de vautour. Le nez des murs sent Quand la vie va s'en aller. Une lampe danse près de l'église. Des femmes cherchent la clef de la porte. Un mollusque joue sa musique Pour les vagues. Un wagon-lit perd ses nerfs Et réveille tout le monde. Je suffoque en voyant l'horizon Courir jusqu'à moi. Les ogres sont ordinaires.

Une empreinte

Le ciel fait des ronds de fumée Avec sa bouche. Un jour de Printemps, J'ai laissé quelques flocons de neige Au sol Pour me faire oublier le soleil. Un matin, J'ai acheté une fenêtre pour me voir un peu mieux. Le centre du monde est au niveau de mon nombril. Un siècle est passé Et pourtant, On oublie vite les années. Elles ressemblent à des confettis roses. Je vais et je viens dans mon miroir Pour laisser une empreinte de mon passage. Un cycle de lavage laisse le chien Tout mouillé. Les bêtes ne se reconnaissent pas entre elles. Alors je leur donne des noms D'outre-tombe. Chateaubriand a dit : « Laissez mon âme dormir. Mon corps bouge déjà un peu trop ». Je pense un peu la même chose.

Merci pour lui

Le soleil fond, Un écusson de marin sur mon corps de laine. Je jette un dernier regard sur mes vertèbres, Elles sont douces, Aussi douces qu'un ciel sur la Côte d'Azur. Je pose ma main sur les nageoires d'un dauphin. Il me parle, il me surprend, Il danse entre les lignes d'horizon Pendant que la Terre tourne sur elle-même. Elle tourne sur elle-même Chaque jeudi. Un homme joue au fantôme Pour faire peur à ses enfants, Une souris guette le fromager, Une voiture roule à toute allure Sur un lac gelé, Des hommes-colombes demandent la paix Aux jeunes guerriers. Une lucarne est ouverte, Il y a un nuage en prison. Sa dernière nuit se passe bien, Merci pour lui.

L'effet du monde

L'effet du monde sur moi Est minime. Je pense que la quête de soi Ressemble à la quête du fromage Pour une souris : C'est peut-être un piège. Le jour de mes vingt ans, J'ai posé mon pied au sol Et j'ai parlé aux dieux Pendant une heure. Ils en avaient marre De moi. Alors, le jour de mes 26 ans, J'ai appelé ma mère Pour lui dire que j'ai acheté un matelas. Les dieux s'en foutent de ça Mais pour moi c'est important, Un matelas, Ça permet d'oublier le jour.