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Affichage des articles du mai, 2015

L'été

Le cou ne rompt pas Avec sa femme. Je laisse le ventilateur Ventilé sous mes pieds Pendant que je regarde au-delà D'une fenêtre les épiciers Cherchant une tomate Dans un bac à légumes. Le soleil m'étourdit, Je bois un verre de vin Dans une voiture De 50 centimètres carrés, Le moteur vrombit, Un chat griffe les roues, J'allume une cigarette Devant un rétroviseur. Le temps est long Et je suis beau Avec ma tête de loup.

Le silence coule sur le pain

Le lion au cœur en laine Passe devant une télévision Et chasse la petite bête D'Ushuaïa Nature. Les ombres me parlent des impôts, Du prix du gazoil et de leurs vestes En peau qu'elles portent en été. Les journées s'allongent sur le gazon, Un billet de cinq euros en bouche. Mon corps presque éléphant Se souvient de son état d’ébriété De la veille, Où je colonisais un arbre Avec une lampe-torche Et des chaussettes dans mon sac à dos. Le silence coule sur le pain, Le fromage mange la parole, Ma tête dessine un bonhomme Sur le corps d'une femme. Je vais bien.  

Les sculptures se torturent

Le bonheur est un bonhomme Qui fait un bond vers des billets De vérités. La mort est le passe-temps des obsédés Humains éphémères frémissant comme Des ivrognes Devant la négligence d'un Dieu Névrosé. R O S E oppressante que je pose sur ta bouche. Le baisé prématuré. Refuge de mes organes Réminiscence d'un bleu du ciel Dans tes yeux, Marins joueurs Pêchant La baleine plus grosse Que leurs ventres. Deux sculptures sadiques S'aiment. Susurrer le symbole de la totalité Dans L'oreille d'un Nouveau-né. Tripotée de valises jugés au Tribunal Apparition du bétail Dans l’œil d'un vorace. Les sculptures se torturent.

Pièces, chaise et rideau

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                                          Pièces, chaise et rideau

Le nombril du monde

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                                                     Je vous présente le ventre du MONDE

Mon échographie siffle

Mon échographie siffle, Mon échographie siffle, Je tends l'oreille vers le bébé Qui fut moi dans le berceau Qui fut grand, Dans la chambre Qui fut petite, Dans le ventre de ma mère Qui fuit. Le cercle d'âmes dans lequel Je saute est un assemblage De mille roseaux Tous plus beaux les uns que les autres. Mon crâne a une assemblée de voyeurs Au bord du cerveau Qui regarde les gens passer En applaudissant. Je ne crois pas en mon vent sans fin Qui arrive près de ma bouche. Les religions se battent pour m'avoir Dans leurs rangs, Je choisis mon corps comme seigneur A deux têtes et je m'endors Sur l'épaule d'un Jésus frivole.

Les voitures naissent près des garages

Amoncellement de détritus sur la voie publique. Les anges naissent près des églises, Les voitures naissent près des garages Et les bébés naissent près des ventres. Je ne regarde pas mon silence Comme une petite poupée Qui ne dit rien. Je le vois grand, Avec de grandes ailes, Le silence ailé qui s'envole Dans le cosmos encore gelé De la veille. Mon corps a une passion Pour les meubles, Il frappe des chaises, Des tables, Des dessous de table, Des vitrines, Des mannequins en plastique Et des pulls. Un poncho en forme de cervelle Se tourne sur la gauche, Une souris presque morte Avale un camembert presque fondu. Le jardin est tapissé de gouttes de pluie Très fines, très tendres Qui me rappellent mon enfance Passé en banlieue parisienne, Là où mon ventre se faisait gros, Et mes pieds moquaient le sol. Je pose ma tête quelque part.

La société

La société, la société, Je suis dans la société. Je regarde mon nombril, Mais je suis un être social, Qui mange des cactus pendant Que sa mère prépare un rôti de bœuf Sauté aux herbes. Je suis proche de mon phallus, Mais aussi proche de main, Ma main qui est proche de mes narines, Et mes narines qui sont proches Du bleu marine. JE T'AIME mais tu ne l'entends pas, Tu as des oreilles aussi petites Qu'une fourmi odieuse. Je suis la société quand je te parle, Je suis le monde quand je te parle, Je me parle à moi-même lorsque j'écris, J'écris à ma propre société qui se trouve Dans mon bidon, pas d'essence, Mais un bidon de rôti de bœuf sauté Aux herbes. Je regarde souvent la pluie couler Sur mes vertèbres, Cela me donne l'envie de crier sous l'eau Les noms des poissons que je ne connais pas. Je loue la société, Je sous-loue le monde, Et j'écarte mon nombril Pour y mettre un immeuble.

Je suis foetus

Le pied ne se souvient pas qu'il a marché Mais l'homme se souvient qu'il a pensé. Parfois se trouve sur mon bureau Mon acte de naissance Que je lis chaque matin Pour me rendre compte Que je suis un humain Qui a une certaine tendresse pour lui-même. Dans ma chair et dans mon sang, Dans mes gaudrioles et mes dents, Se cache un manteau blanc à petit pois Que maman portait lorsqu'elle était Enceinte de moi fœtus. Je suis fœtus, Je suis fœtus, Je suis fœtus, Je ne regarde pas le calendrier Car les jours se comptent sur les doigts D'un condamné à mort. Mon corps a une circonstance atténuante, Il est un peu trop libre et un peu trop en cage Pour éternuer. Les oies ont des principes, Je suis comme une oie, Je m'envole sans mon cœur Vers le ciel-grenier où s'entassent mes années.

La différence entre moi et le monde

La différence entre moi et le monde C'est que je n'arrive pas à supporter 6 milliards de personnes. Mais j'arrive à me supporter. Quand j'ouvre la fenêtre, Je vois un oiseau bailler, une bouteille De lait à la main. Les routes ont pris des somnifères Et les distances s’endorment. C'est ainsi que je me retrouve à Pékin Dans mon lit, En train de lire un magazine Qui parle de la mort du Général De Gaulle. Oui, car le temps s'est aussi assoupi. Je marche dans la ville avec une boussole Afin de retrouver le loup qui m'a mordu Lorsque j'étais enfant. Une main de vipère attrape une maison, Je me cache sous un oreiller bien chaud Et j’attends l'hiver, Avec mon loup solitaire.