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Affichage des articles du décembre, 2015

Je ne l'écoute pas

Une orchidée s'échappe de ma peau. Je fais mon théâtre dans le creux de la Terre En attendant le cimetière. Des oranges épluchées par un singe Me donnent une énergie de Dieu grec. Je tape à ma porte pour voir si je suis là. Il y a des orages entre mes lignes Et un corps d'homme sous mon sapin. Le vide se nourrit des murs, Les murs se nourrissent de ma peau. La queue du diable est entre mes mains. Je positionne ma tête sous l’œil d'un condamné. Il me dit que tout est possible, Sauf la vie. Je ne l'écoute pas. Je ne l'écoute pas.

Le tombeau vacant était occupé Par la femme aux yeux-orties.

Le tombeau vacant était occupé Par la femme aux yeux-orties. On ne dit plus jamais je Depuis que le monde s'est raréfié en nous. Le silence d'une oie blanche Vaut bien le silence d'un homme potelé. Des mygales détruisent une ampoule Et ouvrent le cœur d'un sans amour fixe. Les écrans regardent les tornades bouger, Un éléphant coud une trompe sur le nez D'un bébé, Les mille virgules du discours du président Des Français se font la malle. Il parle de tout, de la pluie et du temps qui passe, Hélas, entre les côtes des gens. Tout devient souffle et oubli, Quand l'ordre est là, tout va, Sauf pour les cerveaux éclatés En centaines d'hirondelles. Le vase tombe, Le vase tombe, C'est une machine qui remonte Aux espèces les plus menacées, Que ce soit le guépard d'Inde Ou le mille-pattes d'Indochine. On écrit entre les vignes En attendant le printemps. Le soleil crispe ses rayons En entendant la lune lui gueuler dessus. Il doit partir, Plus près des étoiles

Se recroqueviller sous un ciel barbu

Conjuguer soi avec l'hôte. Ouvrir le bec d'un oiseau Et conjurer sa faute. Tomber dans l'oubli et y faire la fête. Sortir la tête de l'aube Et croiser un corps semblable Tenant un parapluie dans sa main gauche. Se recroqueviller sous un ciel barbu, Hériter de la colombe à trois ailes. Juger un mot avec l’œil d'un monstre. Dormir à son pied Et dorloter ses ongles. Fermer une porte pendant Que l'autre corps est parti. Souffler dans l'oreille d'un singe. Les secondes créent des misères. Le soleil est au plus haut. C'est l'hiver.

Le jour se lève Avec un mal de tête.

Le jour se lève Avec un mal de tête. Le rouge qui bouge dans mon corps Est de plus en plus blanc. J'ai une vitrine de Noël sur mon torse, Des voiles à la tête. Une théière tombe Sur le pied d'un enfant roux. Le geste le plus rapide pour dormir Est de recroquevillé nos pieds, La main attachée au coussin. La grise mine de l'avenir Fait peur à l'enfant roux. Une écriture imparfaite s'assoupit, L'immeuble joue à la colombe Et la paix se met à chanter Entre les dents d'un prisonnier.

J'ai des hiéroglyphes au nombril.

La lampe qui m’asperge de lumières Tombe. J'ai des hiéroglyphes au nombril. Je me jette dans un nuage blanc, Je cours entre les vignes Pour obtenir le peu de vin De Dieu. Des soupirs et de la bave aux lèvres, Je tape sur le dos de mon chien En attendant le retour des morts. Un siècle bluffe, La mécanique s'arrête, Jésus est dans le wagon, Albert Einstein dans le désert, Le couple que forme l’hôpital Et le ciel se défait. Un divorce de plus. Une mer en moins.

On se féconde comme on peut.

On se féconde comme on peut. Le matin, je me lève en couchant mes lèvres Sur le lit. Un oiseau crache un morceau de pomme Sur ma tête, Les fenêtres sont corps à corps Et ma voix distribue des mots A mon petit torse. Le midi, je chantonne dans l'oreille De ma prise électrique, Je touche mes ongles de pieds S'ils sont encore là. Ils sont encore là. Dieu merci. Le soir, je l'invoque, Je pose ma tête entre deux étoiles Et j’attends un bateau. Je ne sais pas lequel. Un rouge et noir sûrement. Il est bientôt minuit. Les lacs tombent à la renverse, Un chien m'attend sous un arbre. J'urine sous la lune. Je m'évoque. Je dors, encore.

Un moment

Parfois, on cherche un moment, Un tendre moment courant dans tous les sens. Un moment d'euphorie devant un arbre blessé, Un moment d'égarement devant un trottoir Plein de truites. On cherche, on cherche, on cherche, On se cache sous les aisselles du premier homme venu au monde, Puis on voit au loin le dernier homme venu au monde Et on se demande :  « Où est le moment ? Où est le moment ? ». Peut-être dans un cachot, Dans une jungle, Dans une bouche de mammifère, Dans un lit étroit, Dans un vase, Dans une ampoule. On perd nos pieds, On perd nos ventres, On s'aventure sans chaussures Au-delà de nous-même. Il est peut-être là le moment. Il est peut-être là.

Des langues mortes indiquent Le sens de la circulation

Les cheveux longs de la dame Font un boucan monstre. Un guérisseur prête sa main À un boucher. Des langues mortes indiquent Le sens de la circulation  Aux balbutiements d’un Dieu à lunettes. Une crevasse sort d’un autre monde Pour faire couler une eau douce. Je pratique l’équitation sur ma fenêtre, Un cheval se cabre le jour de ses 25 ans. Qu’est-ce que l’esprit ? Qu’est-ce que l’envie ? L’envie vient quand l’esprit se rompt. Le mien s’est rompu il y a 3 ans, Après une chute du cerveau.

Un éléphant contracte le ventre

Un éléphant contracte le ventre Pour y introduire le soleil. Des chercheurs en nucléaire s'impatientent Devant une plante qui ne veut pas pousser. Une usine s'enferme dans une église, Des chats accourent jusqu'au sommet De la montagne. Je pose ma main sur l'autoroute A6 Et couvre les véhicules De mes manies. Mon cœur fait la bringue avec mon foie, J'en oublie les années de lenteurs Qui m'ont conduits à dormir la mâchoire Ouverte. 350 portes se referment. Une bougie au milieu de la mer, Le temps fait son nid Dans le nombril d'une allumette.

Je danse avec les miroirs

Les oiseaux rouges fignolent la mer. On est tombé un millier de fois Avant d'avoir vécu. Les dents se crispent en attendant Le dessert. J'ai un corps long comme les voiles D'un bateau. Le vent souffle, le vent souffle, Je m'étonne de partir vers le reste des choses. Il n'y a rien, il n'y a rien qui vaille, Mis à part mon visage au doux venin. La porte fait des bonds entre mes cuisses. Je tombe sur le sol Un ordinaire se consume comme il peut. L'habit ne fait pas le vivant, Alors je doute de mes yeux, Mes yeux câblés, Attachés aux nuages livides Et à la danse des miroirs. Je danse avec les miroirs, Je danse avec les loups, Je pose ma tête sur l'épaule De Dieu, En attendant...

Les wagons viennent

Des couteaux en forme de ballon Sautent sur ma jeune main. Je vois l'Afrique de mon toit, L’Océanie entre mes doigts Et l'Amérique au bout de ma langue. Je fume des vases au lieu de mes cigarettes. Le temps fait de son mieux pour nous faire plaisir, Mais je n'arrête pas de naître. Naître, naître encore et encore. Il y a un chat perché au-dessus De ma ronde tête. Les vagues s'installent indubitablement bien Autour de mon corps. Je nage, je nage, je nage Jusqu'à la nuit molle. Un espoir fait vivre. Une bougie fait mourir. Les flammes de l'autre Ressemblent aux miennes. J'attrape l'air avec mon nez solitaire. Les wagons viennent, Les wagons viennent, En gare du Nord, Les wagons viennent.