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Affichage des articles du 2016

Une épitaphe

Le nouvel an arrive tous les ans, C'est bien à ça qu'on le reconnaît. Je nage entre mes côtes Le matin de mes 28 ans Et je me réveille le cœur Dans la soute à bagage, Le sourire plein de lunes sèches. Les murs fument devant le miroir, Disent qu'ils sont beaux Comme des paysages Et trompent le vide En ingurgitant des restes Du dîner d'hier. Un homme claque Un papier Lui intimant l'ordre De perdre son odorat. Je ne mange pas l'intérieur De mon ventre Même s'il est bien fourni. Une épitaphe sur une barre chocolaté, Le monde s'en va, Cherchant le rat qui le tuera.

Visage

Le corps est en trompette. Je souffle, je souffle, Rien ne sort. La lumière affaiblie Mon visage, Les écureuils se trompent De saison et gèle en hiver. Un homme de quatre ans mon aîné Demande aux autorités D'arrêter la production de lait. Le vent circoncit les arbres, Une lune se sert à manger Dans un gros bol de soupe. Un éclatement du cœur Me permet de parler Aux oiseaux. Je ne prête pas mon anniversaire A d'autres. Les murs tombent un à un. Une laine couvre mes paupières. Je joue avec les mains de Dieu. La vie est étourdie, Elle a oublié sa fin.

Cerveau

La fin du monde approche Avec ses grands pieds. Le petit cerveau qui n'arrête pas De parler Me ligote comme un rat. Je pense avec des mots, Des sons, des nuages, Des livres et des babioles. Un matin, je souhaite me lever Avec le cœur entre les dents Et que mes cheveux Étouffent le cerveau. Comme ça, Je pourrai vivre au grand air, Nu comme un serpent, Les mains sur les hanches Et faire la danse du ventre. C'est une idée.

Etoile

Le ventre du nouveau-né A avalé une étoile. Le cœur au centre des choses, Le collier porté par cette femme Est plein de plumes. Je suis un plumassier, Un homme de douceur et léger, Un homme a trois têtes Pensant continuellement. Le nouveau-né gratte l'étoile, Il découvre un chien Dans son nombril, Les masques de la lune Brûlent l'été. La roue tourne Pendant six mois Au-dessus du monde. Mon cerveau se grime En balai dansant. Je vole dans le ciel.

physique chimie

La recherche en physique-chimie Montre qu'un homme de la taille D'un bâton peut se fondre dans la neige. On est en hiver, Noël approche avec un chat dans le chapeau, Des secondes rougissent En voyant l'horloge tournée, Un homme cache son ventre Pour entrer dans le magasin. Il achète une tombe Et des chocolats. Les voitures défilent, La route s'arrête net A Ouagadougou. Tout le monde descend. Un chien aboie sur le sol, Je chante pour que la pluie arrive. On meurt souvent au Printemps, C'est ce que m'a dit Un papillon.

Des canards

Un homme sans tête Se balade au Sahara. Je n'écris pas pour hurler Avec les loups Mais pour parler avec les mouettes. Une soucoupe volante Traverse Paris. Une vache coupe le monde en deux. Une porte ne se ferme plus, Dans la chambre, Des canards s'échangent des dentiers. Une lune forme un rayon de soleil Avec la fusée Ariane. Une table s'assoit sur une chaise Et inversement. Le cœur qui m'appartient Est plein de confettis et de larmes de crocodiles. Je ne regrette pas d'avoir donné naissance A mes yeux, Mais la vie est ainsi faite, On ne parle pas la même langue Que son cerveau, Sinon il pourrait se taire. Les fenêtres sont douces, Je dors avec l'une d'entre elle. Un masque de singe se pose Sur mon dos. Je cours jusqu'à la jungle la plus proche Pour me ressourcer.

La petite soeur du monde

La petite sœur du monde Est perdue. Un homme cherche le début de ses pieds Sur son crâne, Une girafe perd son cou, Un chasseur de lune trouve le soleil Au beau milieu de la mer. Je ne caresse pas mes cheveux pour dire Que je suis beau, Je les caresse par nécessité. Un coton trompe la mort Et ingurgite un vélo. Des gens sans histoire Raconte le dernier moment De leur mémoire. Un chat fait du café Devant la porte. Une lampe longe le sol Avant de perdre son éclat. Une population trompe l'ennui En balbutiant des mots en latin. Une discothèque est sourde. Une femme tombe. Un homme tombe Et tout est dépeuplé.

Je tousse

Le monsieur est claustrophobe. Le monsieur est clos. Le monsieur a un épinard sur la tête. Le monsieur fait des pirouettes sur une jambe. Ce matin, un lapin a chahuté un chasseur, Les tables s'envolent au-dessus de Béziers, Une dame de 90 ans consulte son horoscope. Il lui prédit une longue et belle vie. Le monsieur a des lunettes aux orteils. Un jour, j'irai dans mon ventre Voir s'il y a de quoi se nourrir. Je ne crois pas en Dieu, Enfin je ne suis pas sûr, C'est peut-être un homme comme nous, Avec ses turpitudes et ses drôles de mesquineries. Une jupe est passée devant l'église. Un homme cache son chat Afin qu'il ne soit pas emporté par la Gestapo. Un sourire vaut mieux qu'un œil fermé. Les vaches font du lait Et écrivent au premier ministre Que l'industrie du textile est en faillite. Une femme s'assoit dans un magasin de luxe. Elle essaye un manteau. Très bien. Quelle taille ? 42. Très bien

Ours

Je suis un ours qui mange de la pastèque Les jours de pluie. J'ai les cheveux du diable Et la barbe de Dieu, Je ne pense pas le matin Parce que l'après-midi Je réfléchis à la situation du monde Et de mon œsophage. Un jour j'irai couper mes ongles Au-dessus de la mer, Je partirai au Portugal Chercher un trésor, Je coulerai Pendant que la Terre fera la gueule. Un ours à tête de feu, La langue du cimetière Sur ma joue, Je caresserai la porte Qui se ferme Mais je me marierai avec la femme De 2m50 qui se coiffe devant Un miroir bleu. Je ferai tout ça. Avec mes cheveux.

On ne meurt plus

Le monde est coupé en deux. Entre chiens et loups. Il y a un geste que je ne fais jamais, C'est celui de repeindre mes cheveux. Je ne regrette pas le mois de septembre Même si, en y repensant, J'ai dévalisé mon corps Pour en sortir un nénuphar. Les enfants jouent derrière moi. J'aime le calme dans la tempête. Une cicatrice se trouve toujours sur mon dos, Je n'arrive pas à l'enlever. Un homme tourne toujours autour du pot Avant de chahuter son prochain. Les vins sont meilleurs lorsqu'ils sont bus Par moi. Je mords mon bras Pour voir si je suis toujours vivant. Un aigle passe au-dessus de la montagne Avec la vivacité d'un astre. Je ne regarde jamais sous mon ventre S'il y a un autre ventre. Les poissons fleurissent dans la mer. Le bleu me permet de faire évader mes pensées. La ville bat de l'aile. On ne meurt plus dans le vent, On ne meurt plus.

Les murs

Dans un monde où Donald Trump Est président, Je souhaite réintroduire le loup Dans la bergerie. C'était un matin calme avec Des cicatrices au dos, Il y avait un oiseau presque mort Qui volait au-dessus du lac, Un homme achevait son travail Et sa femme conduisait un camion. J'étais en train de mettre mon manteau Quand soudain, Les murs se sont mis à me parler. « Tu ne peux pas continuer comme ça La vaisselle est sale, La porte est ouverte Et ton cerveau s'est caché ». Alors j'ai vendu mon dernier poil A l'ours qui me le demandait, Et je suis là devant vous A coucher avec mon cerveau Pour qu'il se taise un peu. Il ne veut pas se taire, Il respire fort, Il s'acharne à me dévêtir. J'ai enlevé mon manteau. J'ai cherché dans mes poches Un téléphone. J'ai appelé la police. Et je suis parti faire le loup.

Le petit ventre

Le petit ventre du monsieur tout nu En face de mon immeuble me parle. Il me dit que les fenêtres fécondent En été des bébés de la taille d'un pouce, Que la chèvre perdue a retrouvé son chemin, Qu'une lampe de chevet devient une lampe De deuil. Un nombre assez important d'hommes importants Se réunissent dans une salle importante Pour parler de sujets importants. Il y a un chat au-dessus de l'armoire Qui ne veut pas descendre. Et pourtant, Le monde est récalcitrant, On ne le tourne pas aussi facilement, Les médecins prédisent l'avenir D'un patient pendant qu'il mange sa soupe. Un canard rassemble ses pattes Sous un sapin à Noël. Le geste de la mort est quelque chose d'un peu violent Pour ne pas en avoir un peu peur. Je n'écoute pas les ragots Qui se disent sur mon ombre. Je n'y crois pas. Elle s'efface.

Je me lave

Le vin coule sur les migraines, Un oiseau gagne un ours en peluche A la fête foraine, Des petits yeux font couler Le mascara du chien. C'est un chien polymorphe, Il se cache dans ma chaussure, Je le chasse comme un rat. Le matin a des ombres au corps, Alors il se lave. Le soir a des lunes aux aisselles, Alors il se lave. Moi j'ai des rideaux au dos Et un masque au ventre, Alors je lui parle. Il me dit que la vie ressemble A des squelettes en plastique. Je lui réponds qu'il pense ce qu'il veut, Moi de toute façon C'est pas mes oignons, Je suis un homme de goût. Alors je me lave.

L'enfant solitaire

Il y a le feu, Il y a le feu, Dans le cimetière où se cachent Les soldats il y a le feu. J'ai entendu un poisson parler De l'ours, Un enfant partir à la chasse Avec son père et puis ramener Un oiseau de cristal. Je touche mon ventre Pour voir s'il n'y a pas la population Mondiale à l'intérieur. Parce que j'ai mangé, j'ai mangé, Du fromage, de la charcuterie, Des bonbons, du veau, des andouillettes, Des mains, des lustres, des miroirs, Des portes, des murs, des chemins... Et puis je me suis endormi Sur le dos d'une vache A qui j'ai demandé pardon. Je me suis réveillé avec quatre œils Dans ma paupière, Je voyais à 360 degrés, Je pouvais saluer tout mon quartier D'un seul geste. J'ai chanté, chanté jusqu'à perdre la tête. Je me suis descendu une bière Avant d'ouvrir la porte. Il y avait quatre enfants solitaires. Je les ai portés, Je leurs ai donné le goûter. J'ai perdu

Sac de courses

Un enfant trimballe un sac de courses Et le pose sur son dos. Des gens bien habillés parlent de la fin des temps Pendant que Dieu compte le nombre de secondes Qu'il a sur le ventre. Un enfer fait du boucan alors Que la Terre tourne six fois Autour de l'horloge. Des petits amis font de petites choses Pour leurs petits enfants. Et tout le monde est petit, Et tout le monde il est grand. Et le monde ressemble de plus en plus A un masque de cire Avec un bouton sur la joue. Je ne reporte pas à demain Ce que je fais demain Mais pourtant, Mon corps demande de l'aide Aux oiseaux étourdis qui S'étonnent de me voir là, Au bout du couloir, Sous une table, Attendant que la fin des temps arrive. Un chat agrippe une souris, Une souris plonge dans un miroir, Et tout va bien.

Une prière

Le nuage a des rides aux dents. Un hommage est rendu Aux mille hommes qui sentent bon. Une fourmi s'assoit sur une tête de renard. Un caillou roule jusqu'à la Fleury Merogis. Une citadelle perd ses cheveux. Une colombe tombe dans le coton En enfantant. Des chercheurs trouvent un orage sous la terre. Les murs discutent avec moi Du sopalin de novembre. L'homme le plus petit au monde Est à côté de l'homme le plus fiévreux. Un chat cherche sa queue dans les vestiges De l'armée américaine. Une laine tricote un pull. Des familles se rassemblent Sous un talit en attendant la prière. Une loupe est myope. Le temps n'attend pas sa femme. Il repart, l'horloge au bras.

L'échelle

Le jus d'orange que j'ai dans ma poche Me laisse sans voix. Un ordinateur permet de faire des recherches Sur un testicule ou bien deux. On ne naît pas artiste, on le devient, Avec un travail acharné et des journées A regarder le monde avec des yeux de biche. Je ne glace pas ma main Pour attraper la tienne. Une voiture ne se retourne plus. On ne fait que passer, disent les sages. On ne fait que rester, disent les chiants. La route est encore trop raide Pour te parler. Je ne songe pas aux rêves que j'ai faits hier. J'en ferai demain. Et demain matin est un autre jour. L'échelle tombe à plat ventre Sur le sol. Un miroir fabrique des jouets en plastique Pour émerveiller les visages vieillissants. Le temps est sombre. Comme ma gueule lorsque je reçois le courrier Du mannequin qui dort dans mon âme. On règle nos vies Pour qu'il ne se passe rien de grave. Et pourtant il y a la mort. Alors on fait la fête. Et pou

Le lit et mon cerveau

Le corps en guenille, Un homme avance vers le sol Avec la dextérité d'un avion de chasse. Des funambules parcourent le monde Le jour de Thanksgiving. Une table parle à une autre table De son rêve d'avoir deux pieds. Une montre attend son heure. Une lune attend son loup. Je ne regrette pas les années Où j'ai partagé mon temps Entre le lit et mon cerveau. J'ai enfin compris qu'on pouvait Être au sec lorsqu'il pleut. Un avenir envoie sa colombe Vers le passé. Des écrevisses se défenestrent Pour oublier l'eau dans laquelle Elles se sont baignées. On cherche son passé Comme on essaye d'attraper une anguille. Je ferme l’œil gauche. Le droit à 100 ans.

CHU

La petite vie Que j'ai attendue est passée. Un ouragan d'étoiles Me ferme les yeux. Je jette un cœur Sur la frontière. Un homme se cache Derrière le dos d'un âne. Une soucoupe volante Fait des nœuds dans le ciel. Les cendres de Maurice S'envolent. Un oracle prédit l'avenir Des fourmis. Elles finiront au CHU de Tourcoing. Une tête tombe en trombe Sur un trombone. Les fragments de mon discours Font un bel écrin pour qui sait aimer. Le geste de la mort est en deçà Du geste de lire. Une ventouse perd ses mains. Un animal déforeste Le monde. Une langue d'automne S'abstient au printemps. Tout le monde est content, Sauf le Pape.

Une maison

Un bain coule au niveau de la mer. Des petits hommes bleus s'acharnent A écrire des romans. Une tombe tombe du côté des vivants. Un cercle blanc fait reculer Les chats. Une belle cylindrée fait le tour De la ville. Un organe s'agite dans le corps D'un malade. Des charlots construisent Une baraque pour Qu'y vienne souffler Le loup. Une maison se cherche Une place. Un ordinateur chauffe Un crâne. Des lunes sans tête Comblent mon vide. Je cherche l'humour Dans le discours de ce bon Vieux Robert. Il est temps pour moi De faire mes valises.

Le chant

Le chant des sirènes Fait un boucan monstre. Je suis à pied dans ma voiture Et j'attends que l'on me rembourse Mes 80 euros. Le matin, j'angoisse En regardant les nouvelles à la télé Et je me dis : « Il y a un homme Tout en bas qui a le pouvoir De changer ça ». Et cet homme, C'est un présentateur télé. J'ai un bocal dans l'oreille gauche Et deux portes aux orteils. Je ne supporte pas Mon nombril, Il est mou, Il me rappelle ma sortie de Terre, Lorsque j'étais attaché A une fleur.

Le doux rêve

Le doux rêve qui m'habite Comme un moine Me fait revenir à mon enfance. J'avais des cheveux plus grands qu'une péninsule, Je jouais avec les dès que ma mère me jetait. Je regardais les voitures passer Devant moi avec l’œil humide Car ce sont elles qui m'ont forgé Mon goût de la poésie. Je mangeais des pâtes, Des pâtes, Oui mais des Panzani, Et j'avais des pansements Aux genoux parce que j'étais tombé Au foot le jour de mes 4 ans. Je faisais du vélo Avec mon père Le matin de mes 3 ans. Je regardais la télé Pendant que la fenêtre miaulait De toute son âme. J'étais un enfant, Et je faisais caca comme tout le monde.

L'escargot

Les voitures défilent, Un homme s'arrête sur la chaussée, Glissante. Une peau de banane et des fariboles. Il tombe. Un passant le ramasse. Il meurt. Puis il ressuscite. On en fait un Dieu. Il parle de Jésus à la télé. Il est invité chez Laurent Ruquier. Un escargot s'invite à cette soirée. Il dit d'un air circonspect : « La valise est toujours aux normes ». Un vase tombe. Les cendres du Monsieur s'envolent. C'était une nuit comme les autres A Cincinnati.

Un homme

Y avait un homme qui se cache Entre mes côtes, Je ne le connaissais ni d’Ève ni d'Adam. Il me parlait de ses enfants, De sa femme, De sa maison au fin fond de la Bretagne. Il a pris le bateau le jour de mes 20 ans Et il n'est jamais revenu. Alors maintenant, Il y a son enfant qui dort entre mes côtes, Je ne le connais ni d’Ève ni d' Adam, Il me raconte ses jeux, Il joue à cache cache. Parfois il va dans mes poumons Et me dit en rigolant Que j'ai trop fumé. Mais moi j'y crois pas, Alors je fume, Et je le laisse parler.

La dame en bleu

La verte chaussure De la dame en bleu Est tombée par terre. Je nargue mon cerveau Car il me parle tout le temps. Il arrête pas. Je le cogne, Je l'expose, Je le dorlote, Je l'amour, Je l'aime. Je tourne un peu en rond Dans ma cabane en bois. J'ai arrêté de dormir cette nuit Car un moustique me faisait La cour. Un matin est toujours Plus vivant qu'un soir Même si le soir, Les oiseaux meurent Pour que l'aube vive. J'écris au dos de mon ours Que je suis fatigué De tout. Alors j'éteins mon cerveau Avec la clef d'un âne Qui ressemble à une carotte. Car pour ouvrir la peau de cet animal, Il faut lui courir derrière. Alors on tombe. Et on se relève. Les fesses à l'air. Et le cerveau en guenille.  

Le manège

Le manège à côté de chez moi Est petit. Il y a des petits enfants Sur des petits chevaux Qui tournent, qui tournent. Un jour j'irai à l'hôtel sans payer Et je dormirai sur mes trois oreilles. C'est long une heure, C'est plus long qu'un serpent Ou qu'un écran noir. Les écrans noirs, C'est ce qu'il y a dans ma tête Tous les matins. Alors j'écris, Pour oublier qu'il y a un manège A côté de chez moi.

Œil de coq

J'ai un œil de coq Et un pied de biche. Je danse autour d'un arbre Pour qu'il prenne feu. J'aime bien regarder dans mon ventre S'il n'y a pas un gosse qui traîne. J'ouvre l'armoire, Elle est solide. Je m'y cache. Pendant ce temps, Rien n'est plus égoïste qu'une montre. Je tape ma tête contre ton épaule. Je sens l'amour. Je sens l'amouuuur. Un dromadaire travaille Dans le chantier du nouveau zoo Qui va ouvrir dans quelques jours. Un humain tape dans la tronche D'un autre être humain. Des mouches qui pleurent. J'ai un mouchoir dans ma poche.  C'est pour mes fuites urinaires.

Tête de crayon

Parfois, On meurt avec une brindille entre les lèvres. Les cœurs se serrent comme des tulipes blanches, La photo du Monsieur qui est à côté de moi Cache une fenêtre Dans laquelle je veux embarquer. Les citadelles et les maisons ont Des toits de coton. Un coyote porte une ampoule sur son épaule, Des petits doigts touchent le crâne D'un ancien président de la République. Les livres se feuillettent dans mes narines. La lumière se cache pour attraper des oiseaux. Une table accouche d'une autre table. Deux familles discutent autour d'un gibier. Les enfants s'enlacent et dansent Avec leur tête de crayon. Une caméra borgne filme les derniers jours Du poète à tête de lune. Un nuage attrape rageusement Une goutte de pluie. Les jeunes gens n'entendent plus rien. Je gratte le mur Pour voir s'il y a un chat qui se cache derrière.

Tout est dépeuplé

Le manque de cœur Apporte des turpitudes Aux plantes. Les enfants font la vaisselle Le matin très tôt afin De manger avec Leur mère. Les journées portent Des masques pour ne pas Se faire contrôler aux frontières. Un homme cherche son rat pendant Que la Terre tourne. Une mirabelle produit de la laine Avec la tête d'un hamster. Une cicatrice s'ouvre et se referme Comme des portes automatiques. Un nuage fait froid dans le dos. Une soupe se prépare à dîner. Des bras agrippent un corps Encore sous le soleil. Je m'arrache la peau pour voir Ce qu'il y a en dessous. Une lune s'éteint. Des brûlures tombent. Un immeuble fait fuir ses habitants. Un geste Et tout est dépeuplé.

Micro-onde

Un enfant marche Pour mieux absorber le monde avec ses yeux. Un micro-onde gris grille Un pain, une pastèque Et un jardin en quelques minutes. Je tape à la porte pour savoir Si le monde est encore là. Il est fatigué, il a un œil crevé Et des béquilles. Mon miroir est étanche. Je nage, je nage au-dessus De la mer. Les coquillages roulent entre Mes narines, Un papa et une maman Font la lessive, Des automates travaillent Sans relâche à la fin du monde. Une cigarette se fume derrière un bosquet. Une angoisse compte Le nombre de deuils Sur ses doigts. Un homme arrache le pinceau D'un peintre. Il représentait un nénuphar Dormant sur un phacochère. C'est un blasphème.

Madame l'Autruche

Laisser poindre une once de café Dans le verre d'alcool de Madame l'Autruche. L’Autriche est un pays, Je suis un pays Qui ressemble à s'y méprendre A un siècle. J'ouvre la porte bien fort Et entre dans le café Avec ma femme Et nos quatre enfants. Un homme cherche son nid Avec ses pieds. Il ne le trouve pas, Alors il prend un plat de pâtes Pendant que les vigiles Inspectent le sac à dos D'un jeune garçon. Les journées se rassemblent En troupe d'élite Et dorment En attendant que l'hiver Trompe l'ennui. Nous sommes en août Et pas en septembre. C'est peut-être pour ça Que la vie s'adoucit Peu à peu, Jusqu'à ressembler A un nénuphar vert.

Un nain fait la courte échelle

Le matin a deux bras, deux jambes Pour attraper les voleurs. Les doux matins que ma mère m'offrait Était fait d'idées neuves et d'eau fraîche. Je ne suis pas un robot en forme d'humain, Je suis plutôt un humain en forme de robot. Les ascenseurs contractent leurs poumons, Une femme s'assoit entre le marteau et l'enclume, Une cigarette s'éteint et se rallume, Un homme dans sa trentaine me regarde Avec un air de ne pas y toucher, Une langue s'étale sur la chaussée, Mille oiseaux s'écoutent parler A propos de la sortie de l'Europe, Un nain fait la courte échelle A un géant, Des miroirs atteignent la taille Des géants Et on ne peut plus mourir On ne peut plus mourir.

Je vis

Parfois, on regarde dans son lit Pour voir si on n'a pas oublié son corps. Les matins font de la balançoire Avec des mannequins empaillés. Un jour, je dirai que je suis le plus fort Des humains, mais c'est pas pour tout de suite. Les hommes ont toujours une tête de plus Que les animaux, c'est pas pour ça Qu'il faut la couper. Je vais et je viens entre mes lèvres Pour goûter à ma vie, La vie qui est toujours plus douce Que la prunelle de mes yeux. Un ogre fait dans la dentelle, Une grand-mère s'assoupit près d'un lac, Une robe fait le tour du monde Pour vêtir Pluton. Un chat compte le nombre de vies Qu'il lui reste. Je ne reste pas au mois de septembre Dans ma porte, Je sors. Et je vis.

Un enfant

Un enfant s'en va En touchant du bout du doigt La lune. Les équipes de football Chantent l'hymne martien, Un chien court jusqu'à une main Pleine de nourriture. Le silence se réfugie dans une trompette, Des ramifications du soleil Se trouvent dans la bête de Dieu. Un ours infatigable sort de la douche. Ma peau fait le tour de mes os Et mes os tournent autour de la Terre. Je suis en lévitation, Je parcours le monde avec mes lèvres Et mon foie. Une porte s'occupe d'oublier les souvenirs. Mes yeux regardent vers le nord, Le Grand Nord. Et je m'endors Les oreilles bouchées.

Je reste

Je reste près de mes lèvres pour pas qu'elles s'en aillent. Les journées se font belles le matin puis tombent dans l'oubli Pendant un quart d'heure. Je regarde par la fenêtre les oiseaux pendouiller Et je prends mon café. Un homme cherche sa chaussure blanche Et son cœur noir pour s'envoler avec sa belle Sur une île paradisiaque. Des voitures se jettent par la fenêtre, Une montre se fait piquer par une aiguille, Le chat majestueux se pose sur mes genoux, Je me casse les reins, La douceur du printemps fait du bien Aux mamelons. Un tourne-disque vrombit, Un homme s'en va presque tout seul. Je ne sais pas ce qu'est un corps. Ça doit servir à faire chavirer La pensée.

Cordon ombilical

Les vases qui sont sur ma tête Me permettent de te parler à toi, Fleur d'entre les fleurs, Chômage du cœur Et danse des alligators Sur le monde. Un jour, j'irai au Brésil Chasser l'eau, L'eau agressive, Celle qui pique la cervelle. J'irai dormir à la belle étoile Au milieu des champs de blé Avec mon anorak Et ma table basse. Je chanterai entre les domaines, Je partirai presque à l'heure Pour avoir mon train, Et je danserai avec mon cœur sur une sérénade d'un chanteur inconnu. Les rues escarpées de Lisbonne Me donne la chair de poule. Je vais sans cesse écrire Tout ce qui m'arrive depuis ma naissance. Je notais déjà dans le ventre de ma mère Ce qui se tramait, C'était un endroit clos, Mou, où je jouais avec mon Cordon ombilical. J'ai souvent dormi avec moi-même, C'est la solution la plus simple. Je me coupe la tête en deux Et je me regarde dans le miroir, Je suis beau, Presque lunaire, Un peu solaire, Je da

Blessure

Déception des mains qui Se jettent sur le ministère régalien De la France forte. La petite blessure que j'ai au cœur Me semble bien discrète pour un monstre. Je vois des chiens, partout des chiens Ils aboient, alors j'aboie hooouuuuuuuhouuuuuuuuu Et un canadair fait des tours au-dessus de ma bouche, Je bois son eau avec vigueur et détachement, je m'en fous de tout sauf du pape qui a deux têtes depuis midi.

Le petit enfant

Demi-sommeil éveillé Du soir au matin; Un angle dans la chaussure , des nains de jardin partent vers Conflans avec deux kilos de moquette Sous le bras. Le bras cassé, le bras raccourci, la bras ballant, c'est lourd c'est lent. Le petit enfant fait son lit avant de cauchemarder devant ses parents. Il fait son lit doucement; Avec torpeur et grise mine, il ne sait pas où sont cachés les vestiges anciens de la mer. Mercredi, l'enfant part à l'école un corbeau sur le dos et une mèche de cheveux sur le ventre. Il pense au bienfait de l'humanité tout entière et si les guerres pouvaient s'arrêter ça ferait du bien à ses tympans. Le petit enfant danse quelque part dans l'Arkansas en attendant que la ligne de chemin de fer s'ouvre. Un homme fait son nid avec une poule derrière l'arbre de connaissances. On fait le même geste chaque jour, même pendant un mois, on fait le même geste rien que ça . Ça ne sert à rien et pourtant le petit enfant tombe à la renverse

Des mirages

Le monde a deux grandes mains Pour attraper la lune. Hier, j'ai racheté mon cœur Pour en faire de la bouillabaisse. Les murs écoutent aux portes Pendant que j'écris ces quelques lignes Qui seront lues par des hommes-miroirs. Les hommes-miroirs sont des bêtes Assoiffées d'oasis tièdes Et de langues fourchues. Ces langues lèchent Les oasis, Des mirages et des milliers de fantômes Sautent de joie au-dessus de Paris Lorsque la Tour Eiffel Jette son dévolu sur le plus beau Des nuages. Un masque d’été sert toujours En hiver. Les sinistrés se rassemblent Dans le ventre du monde. Un homme garde son cœur Pour en faire une écharpe. Il n'aura plus froid... Pense-t-il.  

J'ai un creux

J'ai un creux dans ma main Qui n'arrête pas de s'agrandir. Les journées passent Et je regarde le bruit Qui m'entoure avec délectation. Un homme chausse sa main Pour marcher vers les étoiles, Un autre ose mourir Derrière un arbre Pour connaître le sentiment de plénitude. Je me penche sur ma blessure En forme d'oiseau Et j'écris souvent, J'écris souvent que le monde N'est pas correcte, Il médite des heures En haut des buildings Et oublie sa famille. Les matins sont faits Pour s'accrocher aux miroirs. Descendre peu à peu les marches Et sentir l'odeur des roses Qui se consolent. Le pain marche jusqu'à mon pied, Je trempe le vide Dans une assiette. Les heures se prélassent Sous un soleil de plomb. Je marche entre les lignes Pour arriver au cercle nuptial. Un homme s'accroche A mon ongle et me dit D'ouvrir mon cœur. Je l'écoute. Je dors.

Les arrières grands-pères

Le temps dessine une ombre Sur mon chemin. Cette ombre est flasque, Pleine de tissus, du rouge vif. Les arbres se perdent dans la forêt A la recherche du midi. Un homme descend de sa chaise Pour prier un Dieu qui ne l'oubliera pas. Un oiseau s'attache à ses congénères Pour voler en marge des nuages. Une vie à aimer, Une vie à aimer Les vins d'autrefois, Qui rendaient saoul les arrières grands-pères. Moi, je ne me suis jamais connu, Et je n'ai jamais eu l'intention de me reconnaître. Cela sert peut-être à quelque chose Mais ce quelque chose est lent et fastidieux. Alors j'écris, Pour savoir où dorment les ombres.

Un dormeur

Ma main dessine Un bonhomme sur le dos d'un cheval. Je me console En regardant ma montre chaque matin. Elle me donne l'heure à laquelle Je suis présent au monde. Les miroirs ont des courbatures, Ils s'assoupissent. Les gens dans la rue N'arrêtent pas de marcher, C'est peut-être pour échapper à la maladie monstrueuse Qu'est l'immobilisme. La lampe clignote chaque matin Dans le ventre du cheval. Je garde ma tête hors de l'eau Pour apercevoir les palmiers. Un dormeur est un être vivant... Pas tout le temps non plus.

Le masque

Le masque que je porte Au beau milieu de la nuit Me permet de discuter Avec les ombres qui m'entourent. Les matins, je jette Un nénuphar aux pieds des demoiselles. Le soir, j'ouvre la fenêtre Pour sentir l'air frais. Mes cerveaux se font la malle, Mes idées s'entendent Pour me faire passer un mauvais quart d'heure. Les journées sont fiévreuses. Un éléphant entend des voix. Une chouette habite au-dessus De ma porte. Le silence agace les enfants. Deux lunettes discutent De l'horizon. Un homme boit jusqu'à étourdir Son passé. Le temps se presse Pour s'en aller.

Les choses vont et viennent

Les choses vont et viennent Comme des lopins de terre. Un homme à quarante ans Pense aux chevaux Qui se modifient. Des gestes toujours plus lents Rendent la vie beaucoup plus Sombre. La lenteur n'a d'égale que le geste Furtif d'un baiser masqué Sur un balcon. Les filles dansent sur une musique Platonicienne pendant Que leurs parents regardent Sur France 2 un documentaire Animalier. Des sièges parlent entre eux, Un miroir fait la fête toute la nuit Au bord du chaos, Une lune chavire Sur mon front, Je désespère de trouver La caméra qui me fera danser Toute la vie. Une dune se rend compte Qu'un grain de sable N'est pas égal à un euro. Elle pleure, Pendant que la mer Ingurgite des roses Printanières.

Le soleil fait des pompes

Le soleil fait des pompes Sous une chaleur étouffante. Un enfant regarde par la fenêtre Ses parents s'envoler. Un homme cherche son pied Dans un magasin de chaussures. Une ampoule s'impose à nous Alors qu'on n'a jamais voulu de lumière. Un lac noir coule sur nos jambes, Une vie s'étale sur la chaussée. Une framboise s'agite pendant Que la Terre tourne. Une cigarette fume une cigarette. Les bouches s'échangent. Une porte s'écarte de la langue Du chameau. Mon cerveau s'acharne à dévêtir Les idées. Un muscle me sort par l'oreille.

Une balançoire

L'été fait des bébés avec la mer. Le jour du seigneur se situe entre Le 14 juillet et le 20 août. Un enfant se jette dans les bras de son père. Une église tombe sur un jardin public. Les courses se font et se défont au gré des supermarchés. Un homme abdique devant le roi. Une balançoire culbute un renard. Des marchands de sable jouent De la trompette pour réveiller les petits. Un miroir trompe le jour en se maquillant. Une jeune femme pose sa main Sur le dos d'une vieille dame. Les journées courent les unes derrière les autres.

Un jardin

Un jardin se termine toujours Par une main. Les matins d'août, Il fait chaud, Les nuages se servent à boire Pendant que le Père qui est aux cieux Donne du pain aux mouettes. Le temps s'assombrit peu à peu, Un homme fait le tour de lui-même Pour voir s'il n'a pas un pli Sur son pantalon. Les tableaux se raréfient, On en vient à regarder la nature Avec un œil de vautour. Le nez des murs sent Quand la vie va s'en aller. Une lampe danse près de l'église. Des femmes cherchent la clef de la porte. Un mollusque joue sa musique Pour les vagues. Un wagon-lit perd ses nerfs Et réveille tout le monde. Je suffoque en voyant l'horizon Courir jusqu'à moi. Les ogres sont ordinaires.

Une empreinte

Le ciel fait des ronds de fumée Avec sa bouche. Un jour de Printemps, J'ai laissé quelques flocons de neige Au sol Pour me faire oublier le soleil. Un matin, J'ai acheté une fenêtre pour me voir un peu mieux. Le centre du monde est au niveau de mon nombril. Un siècle est passé Et pourtant, On oublie vite les années. Elles ressemblent à des confettis roses. Je vais et je viens dans mon miroir Pour laisser une empreinte de mon passage. Un cycle de lavage laisse le chien Tout mouillé. Les bêtes ne se reconnaissent pas entre elles. Alors je leur donne des noms D'outre-tombe. Chateaubriand a dit : « Laissez mon âme dormir. Mon corps bouge déjà un peu trop ». Je pense un peu la même chose.

Merci pour lui

Le soleil fond, Un écusson de marin sur mon corps de laine. Je jette un dernier regard sur mes vertèbres, Elles sont douces, Aussi douces qu'un ciel sur la Côte d'Azur. Je pose ma main sur les nageoires d'un dauphin. Il me parle, il me surprend, Il danse entre les lignes d'horizon Pendant que la Terre tourne sur elle-même. Elle tourne sur elle-même Chaque jeudi. Un homme joue au fantôme Pour faire peur à ses enfants, Une souris guette le fromager, Une voiture roule à toute allure Sur un lac gelé, Des hommes-colombes demandent la paix Aux jeunes guerriers. Une lucarne est ouverte, Il y a un nuage en prison. Sa dernière nuit se passe bien, Merci pour lui.

L'effet du monde

L'effet du monde sur moi Est minime. Je pense que la quête de soi Ressemble à la quête du fromage Pour une souris : C'est peut-être un piège. Le jour de mes vingt ans, J'ai posé mon pied au sol Et j'ai parlé aux dieux Pendant une heure. Ils en avaient marre De moi. Alors, le jour de mes 26 ans, J'ai appelé ma mère Pour lui dire que j'ai acheté un matelas. Les dieux s'en foutent de ça Mais pour moi c'est important, Un matelas, Ça permet d'oublier le jour.

Mon cerveau

Il y a un homme derrière la vitre Qui me fait de grands signes. Je ne sais pas qui c'est : C'est peut-être un temple, Une soucoupe volante, Un ogre, une tortue, Un coléoptère, une panthère, Une loutre ou un aigle. Il y a un homme derrière la vitre Qui me parle. Il me raconte sa journée. Il était assis là entre deux horloges, Un gang de fourmis est venu débusquer son tronc d'arbre Et il est reparti. Je pense parfois que mon cerveau A un temple entre ses méninges Où l'on prie un peu trop souvent. Il y a des chants, des incartades, Des policiers sans main Qui pincent les cierges. Mon cerveau cherche un autre cerveau Pour l'accompagner dans ses prières. Il fait froid, Je jette mes cheveux contre un âne. Il fait froid. Mon cerveau campe. Mon hippocampe.

Le petit effort

Le petit effort Que ma mère a fait pour me sortir de son ventre A été payant. J'ai des yeux aux jambes Et des morsures de loups au crâne. Je pense que mes pensées viennent Et s'arrêtent sur un chemin de campagne. Elles dansent, elles font des cabrioles, Aussi théâtrales qu'un ogre en Espagne. Je rééquilibre le monde avec ma pensée. Je change la direction économique des pays, Je traîne la patte pour faire plaisir Aux gens de mon quartier. Les masques rouges tournent Autour de mon visage, Je fais une vidange Avant de repartir Sur les routes d'Espagne Avec un koala américain.

dés

Le plastique fait des miracles. Le matin, je me lève avec une douleur au bas du dos, Je pense que c'est l'appendicite. Mais non, ce n'est pas l'appendicite, C'est juste une douleur au bas du dos. Je tourne ma tête à 360°, Je regarde Paris dans toute sa splendeur Et je joue aux dés avec Dieu. Il tombe sur le six, Je tombe sur le cinq. Je me sens proche de lui. Il me raconte des histoires. On parle de la création. Il est un peu plus avancé que moi. Mais j'ai toujours une douleur au bas du dos. Je lui demande : « Pouvez-vous rendre mon dos Beau et soyeux comme au premier jour ? -Je dois d'abord dégonfler vos yeux » qu'il me répond. Alors il dégonfle mon iris durant quelques heures. J'ai toujours une douleur au bas du dos. Je tape sur mon crâne pour qu'il chante. Il chante avec moi quelques chansons italiennes. Dieu me tape dans la main et pousse la chansonnette. J'ai toujours une douleur au bas du dos,

Si la vie frôle

Si la vie frôle le ventre Du Monsieur d'en haut, On n'est pas rendu. Le matin, je tapote un nuage Pour y faire tomber son sel. Le soir, J'enquille des milliers de roses Au fond de mon estomac Pour mieux parler Aux dames. Le silence à quatre fonds, Tous plus profonds les uns que les autres. Je crie dans un globe en cristal. Il y a des échos, Les échos longs des violons de l'hiver. Cela me fait froid dans le dos Et chaud à la gorge. Les journées s'étirent au bureau Pendant que Dieu compte le nombre D'êtres humains à la louche. Un astre se jette contre la Terre. Il lui fait un enfant. Un enfant aux yeux globuleux.

Le hasard

Les fleurs tombent sur le lac. Un homme achète le journal Pour la cinquième fois de la journée. Des tortues légifèrent sur l'utilité d'une carapace. Un aigle féconde un dinosaure Puis s'envole. Je regarde mon nombril avec cinq miroirs Différents. Je m'appréhende... Je discute avec mon ventre... Il soliloque, gargouille, Puis me dit : « Les astéroïdes ont chargé ton dos De parler à un autre dos ». Alors, je cherche cet autre dos. Dos de chameau ou dos de pivoine. Courbe d'une clé qui s'enfonce dans une porte. La vie et l'au-delà ont des choses en commun. Rien qu'hier, ils ont joué au poker. Personne n'a gagné. Sauf le hasard.

La vie

La vie a de bons côtés, Mais aussi des lignes de démarcations Très fortes entre les corps. Il y a des corps qui s'en sortent. D'autres pas. Un jour, j'ai cherché au fond de mes tripes Les balbutiements de moi bébé. J'y ai trouvé un ogre qui buvait au biberon Pendant que sa mère lui offrait le sein. Les jours passent par-dessus la tête Des oiseaux, Une heure de vie commence à fatiguer, Alors deux heures de vie C'est quelque chose. Je jette du sel, Par-dessus mon épaule. Cela me porte bonheur. Les jours de vie.

Des anges sous les corps

Des igloos dans le ciel. Des anges sous les corps. Ils portent les morts. Et les chaussures qui vont avec. Mon encre sèche de plus en plus vite, Alors je me dépêche, Je crains pour ma vie Lorsque j'écris un poème. Elle se rétracte puis Saute au-dessus d'un lac gelé Et danse, Ma vie danse. Puis craque. Et pleure Entre deux yeux. Le chandail que ma mère m'a offert Ne me va plus. Je compte le nombre De poils que j'ai sur le torse, Il y en a 4 500 et des poussières. Une sombre mer fait la cour Aux mains de Picasso. Il faut partir, Je crois, Il faut partir.

La sonnette sonne

La sonnette sonne, La tombe vrombit Et le stylo fonctionne. J'ai vu dans l’œil d'un esquimau Mes mille vies. Il y a toujours un homme Sous le lit des ours. Mon auriculaire tourne en boucle Autour du soleil. J'ai un avantage, Je suis le plus gracieux des léopards. Je peux faire voler mes côtes Et soudoyer mon cœur Pour qu'il avoue tout. Le matin, Je me lève avec un ongle au visage. Le soir, Je me couche avec une bouche au pied. Les mondes se ressemblent tant qu'ils peuvent. Je ne regrette rien de mes mille vies, Sauf d'en avoir vendu une.

Je regrette le monde

Avec ses yeux qui dorment comme des pieds, Elle dominait la lune pendant Que la fleur posée sur ses cheveux Se mariait. Il y a des danses de salon, Des danses contemporaines, Il y a aussi des danses de langues Entre deux bouches sèches. Parfois, Je regrette le monde qui est parti Et qui reviendra avec un sac-à-dos Au beau milieu de la nuit. J'ai le souvenir d'un été pluvieux Où j'ai cherché au fond de mon cœur La clef du rêve. Alors je l'ai trouvé, En dormant près d'un serpent à tête d'oiseau. J'ai dominé la mer, Le silence est irritant pour mes jeunes yeux. Je pense avec les ventres qui m'ont créé. La danse de salon arrive dans ma gorge. Il y a mille femmes qui bougent. Et un astéroïde qui lutte. Toujours.

Je danse

Le chemin à parcourir est long. Il y a des ronces et des primates à mes côtés. Je regarde le ciel, Il me dit qu'il y a des milliards D'êtres humains qui attendent Un miracle. Un génie grimpe sur mon ampoule, Il me demande de lui donner trois souhaits. Je souhaite que le ciel soit une ampoule, Je souhaite avoir deux corps, Je souhaite que mon cerveau arrête de danser. Le génie prend son calepin, Écrit et me répond que mon cerveau continuera à danser 120 ans encore. Je me donne une petite tape sur la tête Et je danse avec mon deuxième corps.

Il y a un monde

Il y a un monde Entre moi et le monde, Et c'est ainsi. Le matin, je me lève Avec une hécatombe des genoux. Le soir, je me couche Avec une tornade aux coudes. Parfois, je regarde par la fenêtre S'il y a un homme à la recherche De sa femme. Il y en a toujours un. Un homme de 85 ans Qui court dans la rue. Un poisson me dit que la vie C'est retenir un fil Avant de le lâcher. Je n'ai pas bien compris son message, Alors j'ai pris mon bateau Et je suis parti quelque part. Assez loin du monde.

Valises

Il y a des valises En bas de chez moi. Elles se baladent, Elles voyagent. C'est pas parce que le lendemain D'un jour trop long Ressemble à un jour court, Que le siècle a des mains Aux pieds. J'ai connu des gens Assez connus Dans le monde du sport. Ils avaient des muscles de cheval et des narines De militaire. Les valises sont toujours là. Elles ont un pull au ventre. C'est comme la boule pour des hommes Lorsqu'ils pensent un peu trop.

Le chat

Le jour demande à la nuit De la fermer. Un matin, je me suis réveillé avec un chat sur le crâne, J'ai tout de suite appelé mon ami vétérinaire Pour savoir quoi faire. J'ai cherché pendant des heures comment Faire déguerpir ce chat de malheur, Mais je n'avais aucune solution. Alors je me suis endormi. Le chat s'est introduit dans mon cerveau Et a fait des bébés entre mon hémisphère droit Et mon hémisphère gauche. Alors maintenant, je me retrouve Avec trois cents chats dans la tête, Ils parlent, ils miaulent, Ils se jettent dans l'eau. Je me mets moi aussi à miauler, A boire des litres et des litres de lait, A chercher les souris. Je me dis que je suis peut-être malade Avec ces trois cents chats dans la tête. Mais il y a une solution : Qu'on me caresse le poil.

On cherche

Il y a des jours comme ça Où l'on cherche sa propre ombre Derrière quatre miroirs. Il y a des jours comme ça Où un jeune homme achète Cinq exemplaires de sa propre tête Pour plaire aux jeunes dames. Il y a des jours comme ça Où une flamme fait le tour De l'eau pour comprendre que tout s'arrête un jour. Il y a des jours comme ça Où un ogre cache ses dents Et ses lèvres se rétractent Pour avaler le dernier centimètre d'un astre. Cet ogre, c'est moi. Cette flamme, c'est moi. Ce jeune homme, c'est moi. Je cherche : moi.

Je tombe de mon arbre

Le chapiteau au-dessus de mon corps Est en train de flamber. Il y a des ombres qui parlent dans mon dos Pour dire des vacheries sur les morts. Un hôpital fait la fête avec un parc aquatique. Dessiner les courbes du feu Pour mieux voir sa queue. Un astéroïde se permet d'ouvrir sa bouche Pour avaler la Terre et ses 6 milliards d'habitants. Dédé s'est jeté sous un aspirateur, Les dés sont jetés, On ne sait pas s'il sera aspiré par le cosmos Et le grand verbe du seigneur enceint. Un geste solidaire de ma part Équivaut à une année d'amour. Je tombe de mon arbre Et regarde Paris droit dans les yeux. Nous voici ! Les hirondelles et les Allemands ! La Tour-Eiffel cherche son chat. La dame de fer repasse. La dame de fer repasse Et je n'ai toujours pas tapé au sol de ma vie.

Les pieds au frais

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Un ordinateur

Un ordinateur achète une télévision. Le passé se fait la malle Avec 40 000 dollars dans le sac Et un jean qui va jusqu'au nombril. Le sentiment d'amour que j'ai parfois, Lorsque je regarde mon visage, Me permet de parler aux miroirs. Un loup s'abrite dans une cabane En attendant que les moutons Entonnent le bénédicité. Un orgue joue de la trompette Près de mes pieds, Je chante une dernière fois La chanson de Balavoine Qui dit en quelques mots : « C'est mon fils, ma bataille » Et je m'endors avec mon miroir Au bord des lèvres.

Herbes folles

La tempe au pied, J'écoute les gargouillements Du sol. Un requin s'assoit à ma table, Il mange une crevette salée. Des herbes folles Sont en hôpital psychiatrique Pour des lésions au cerveau. Un chameau se perd Dans le ministère de l'agriculture. Un nain monte sur les épaules D'un géant pour mieux voir Le métro aérien. Des sirènes font la course Pour rendre visite aux herbes folles. Je nage dans un mot Puis prends une bouchée de pain Et m'endors convenablement Dans un parc aquatique.

Le monde a des boursouflures

Le monde a des boursouflures Aux jambes. Il marche jusqu'à une clairière Et demande à un homme Comment il remonte ses chaussettes. Un ordinateur boit sa soupe Devant une porte, Des chats courent jusqu'au lac Et font tomber un château En forme de maisonnette. La serrure est étanche, Sous l'eau, La serrure est étanche. Le monde et l'hirondelle discutent de l'économie du Japon. Un chien en or entre dans une sphère argentée. Il y a un cyclone de crânes dans ma tête. Qu'est-ce que le monde sinon Une cuillère à soupe ?

Pas de pitié

Il y a de la laine brute entre mes narines. Il y a un jour sans fin qui recommence chaque jour. Je vais voir dans l'au-delà s'il y a un homme Qui se prénomme Éric. J'ai des sous dans les poches Et des poches sous les yeux. J'écarte le nez des mammifères Avec un doigt lourd. Le temps tape un chien Pour qu'il avance. Des décibels de nuits Font la valse Sous les cimetières. Une colombe coud Un alligator souffrant. Je jette ma main Dans l'eau qui traîne. Pas de pitié pour Éric, Pas de pitié pour l'alligator. Le chien recule. La voiture articule. Le chat mord mes testicules... Pas de pitié pour les hommes.

Le chat, la souris et la tête de renard

Une tête de renard Suffoque sous un drap. Des passants s'attardent Au coin de la rue Pour voir une cuillère Rouler à toute vitesse. Un chat accouche de ses mémoires Dans un livre édité par Albin Michel Dont le titre est : « Pourquoi je n'ai pas attrapé la souris ». La tête de renard souffle, Va en librairie et achète le livre. Elle le lit, lentement, Suffoque de temps en temps, Fume une cigarette, Puis deux, Et dit, d'un air étonné : « La souris, c'est moi. » Le renard rencontre le chat Dans un dîner en tête-à-tête. Le chat mange la tête de renard Puis boit un verre d'eau. « La souris ce n'était pas moi », Se dit le renard dans le ventre du chat.

Le ciel est un chauffage

Le ciel est un chauffage, Le ciel est un chauffage Et j'ai froid aux doigts. Pendant que j'écris mes pensées, Il y a un homme nu qui marche Dans le métro parisien En attendant le ligne 14. Je bouscule deux sens contraires Et un automate fabrique son propre robot En m'admirant. Les nuits deviennent plus chaudes, Un oiseau danse sur la vertèbre D'un boxeur mort. Le miroir a de gros sourcils Et un ventre pour écraser Ceux qui s'y mirent. Le ciel est un édredon à cinq places. Le sommeil ne se regarde pas dormir. Alors, je console mon ombre quelques secondes Avant de lui dire un mot doux. Pour qu'elle dorme, Encore.

Le docteur est passé

Le docteur est passé, Il a mouillé  ses mains dans le lavabo. Le docteur est passé, Il y a des éléphants qui chantent A côté de mon téléphone. Une oie à la voix grave Se jette au sol. Des plastiques s'envolent Au-dessus de Paris. Une masse grouillante de mots Font la chenille devant ma maison. Le docteur est passé, Il a mouillé ses mains dans le lavabo.

Le lutin

Le lutin est parti. Un homme, de douze ans Mon aîné, Sort son fusil en entendant L'oiseau à quatre ailes faire ses emplettes Dans un magasin de fourniture pour cochon. Le lutin est parti et pourtant, la nuit Ne fait que commencer Ou plutôt ne fait que commercer Avec le jeune homme que je suis Le prix de mon sommeil. Il est trois heures du matin, Des montagnes de crânes Remplissent mon lit Et j'ai des pensées de yaourt Et de lait au frigo. Alors je verse ma peau sur le lit, Avec un ordinateur qui somnole, Il ronfle, Il redémarre. Le lutin est parti et ne reviendra peut-être pas. On ne sait jamais. Il est trois heures, Sydney s'éveille.

Le soleil fait la fine bouche

Le soleil fait la fine bouche Quand arrive l'hiver. Les yeux dans les yeux, Je me dis les quatre vérités Et les cinq prénoms de mes futurs enfants. Il y a un ciel qui miaule, Il y a un ciel qui miaule, Je ne le connais pas, Il est devenu rustre, Sans aucune éducation, Il emporte les gens Sans leur dire bonjour. Une soucoupe volante Fait du couscous à un homme Allongé sur la chaussée. Mon corps est de plus en plus Surpris par ses os. Ils sautillent sous ma peau Comme des câpres. Un négociateur vient me demander S'il peut utiliser mes toilettes. Je lui dis oui mais il y a un homme Qui y est déjà, Depuis cinq siècles. C'est un de mes futurs enfants.

Vieillard

Le monde a des pieds En forme de léopards. Je passe ma vie à regretter Le temps où je pleurais La mort d'un vieillard. Le son de mon ventre Est le même que celui De l'orage. Un temps passe, Deux temps passent, Et la Terre se retrouve éparpillée En mille voix décoratives. Le chêne mange une pomme, Le principe de se mouvoir Entre les lignes fracasse Ma propre démarche. Je ne rentre pas dans les supermarchés En attendant la fin du capitalisme. Alors je récapitule un peu toute ma vie. Et je pleure en entendant la toux d'un vieillard.

Mon dos

Le cœur grille-pain. Un assemblage d'os courbés Se jettent sur la chaussée. Un aiglon fait la manche aux nuages. Je participe à ma propre fête Avec mes outils de bricolage. Le chêne tombe avec fracas, Un oiseau penche son bec Sur le sol en marbre. Des brindilles d'yeux allongés Font frémir le reste de cerveau Que j'ai en stock. Des magasins font leurs lacets. Un homme descend dans la cage à poivre. Mon dos me fait mal. Mon dos me fait mal. J'enterre le bruit du monde Sur ma frontière.

Huile de cade par Danielle Masson - Les vases communicants Janvier

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Tu as entendu ce qu’elle vient de lui dire, dit Platon l’âne clair Je n’écoute pas aux portes, répond tranquillement Socrate, l’âne marron foncé Quelle porte. Tu vois une porte où toi ? C’est une expression comme… faire l’âne pour avoir du son Parce que on va avoir de la musique ici maintenant, rêve tout haut Platon Tu es incorrigible, tout à prendre au pied de la lettre ! Tu ne m’as pas répondu, je suis un peu dur de la feuille Feuille de chou, feuille de laitue, feuille de chêne, feuille de chou … chantonne Socrate Du chou vert pour le repas de ce soir, se délecte d’avance Platon Et ça continue… tu es à côté de la plaque… T’as toujours pas répondu, elle a parlé de coude, j’ai peur Mais non, t’as rien au coude, sacré Platon Huile de coude, c’est cela dont elle a parlé Mais non, elle a dit qu’il fallait te passer de l’huile de cade De l’huile de cade ? répète, d’une voix tremblante Platon > âne  1