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Affichage des articles du novembre, 2016

La petite soeur du monde

La petite sœur du monde Est perdue. Un homme cherche le début de ses pieds Sur son crâne, Une girafe perd son cou, Un chasseur de lune trouve le soleil Au beau milieu de la mer. Je ne caresse pas mes cheveux pour dire Que je suis beau, Je les caresse par nécessité. Un coton trompe la mort Et ingurgite un vélo. Des gens sans histoire Raconte le dernier moment De leur mémoire. Un chat fait du café Devant la porte. Une lampe longe le sol Avant de perdre son éclat. Une population trompe l'ennui En balbutiant des mots en latin. Une discothèque est sourde. Une femme tombe. Un homme tombe Et tout est dépeuplé.

Je tousse

Le monsieur est claustrophobe. Le monsieur est clos. Le monsieur a un épinard sur la tête. Le monsieur fait des pirouettes sur une jambe. Ce matin, un lapin a chahuté un chasseur, Les tables s'envolent au-dessus de Béziers, Une dame de 90 ans consulte son horoscope. Il lui prédit une longue et belle vie. Le monsieur a des lunettes aux orteils. Un jour, j'irai dans mon ventre Voir s'il y a de quoi se nourrir. Je ne crois pas en Dieu, Enfin je ne suis pas sûr, C'est peut-être un homme comme nous, Avec ses turpitudes et ses drôles de mesquineries. Une jupe est passée devant l'église. Un homme cache son chat Afin qu'il ne soit pas emporté par la Gestapo. Un sourire vaut mieux qu'un œil fermé. Les vaches font du lait Et écrivent au premier ministre Que l'industrie du textile est en faillite. Une femme s'assoit dans un magasin de luxe. Elle essaye un manteau. Très bien. Quelle taille ? 42. Très bien...

Ours

Je suis un ours qui mange de la pastèque Les jours de pluie. J'ai les cheveux du diable Et la barbe de Dieu, Je ne pense pas le matin Parce que l'après-midi Je réfléchis à la situation du monde Et de mon œsophage. Un jour j'irai couper mes ongles Au-dessus de la mer, Je partirai au Portugal Chercher un trésor, Je coulerai Pendant que la Terre fera la gueule. Un ours à tête de feu, La langue du cimetière Sur ma joue, Je caresserai la porte Qui se ferme Mais je me marierai avec la femme De 2m50 qui se coiffe devant Un miroir bleu. Je ferai tout ça. Avec mes cheveux.

On ne meurt plus

Le monde est coupé en deux. Entre chiens et loups. Il y a un geste que je ne fais jamais, C'est celui de repeindre mes cheveux. Je ne regrette pas le mois de septembre Même si, en y repensant, J'ai dévalisé mon corps Pour en sortir un nénuphar. Les enfants jouent derrière moi. J'aime le calme dans la tempête. Une cicatrice se trouve toujours sur mon dos, Je n'arrive pas à l'enlever. Un homme tourne toujours autour du pot Avant de chahuter son prochain. Les vins sont meilleurs lorsqu'ils sont bus Par moi. Je mords mon bras Pour voir si je suis toujours vivant. Un aigle passe au-dessus de la montagne Avec la vivacité d'un astre. Je ne regarde jamais sous mon ventre S'il y a un autre ventre. Les poissons fleurissent dans la mer. Le bleu me permet de faire évader mes pensées. La ville bat de l'aile. On ne meurt plus dans le vent, On ne meurt plus.

Les murs

Dans un monde où Donald Trump Est président, Je souhaite réintroduire le loup Dans la bergerie. C'était un matin calme avec Des cicatrices au dos, Il y avait un oiseau presque mort Qui volait au-dessus du lac, Un homme achevait son travail Et sa femme conduisait un camion. J'étais en train de mettre mon manteau Quand soudain, Les murs se sont mis à me parler. « Tu ne peux pas continuer comme ça La vaisselle est sale, La porte est ouverte Et ton cerveau s'est caché ». Alors j'ai vendu mon dernier poil A l'ours qui me le demandait, Et je suis là devant vous A coucher avec mon cerveau Pour qu'il se taise un peu. Il ne veut pas se taire, Il respire fort, Il s'acharne à me dévêtir. J'ai enlevé mon manteau. J'ai cherché dans mes poches Un téléphone. J'ai appelé la police. Et je suis parti faire le loup.

Le petit ventre

Le petit ventre du monsieur tout nu En face de mon immeuble me parle. Il me dit que les fenêtres fécondent En été des bébés de la taille d'un pouce, Que la chèvre perdue a retrouvé son chemin, Qu'une lampe de chevet devient une lampe De deuil. Un nombre assez important d'hommes importants Se réunissent dans une salle importante Pour parler de sujets importants. Il y a un chat au-dessus de l'armoire Qui ne veut pas descendre. Et pourtant, Le monde est récalcitrant, On ne le tourne pas aussi facilement, Les médecins prédisent l'avenir D'un patient pendant qu'il mange sa soupe. Un canard rassemble ses pattes Sous un sapin à Noël. Le geste de la mort est quelque chose d'un peu violent Pour ne pas en avoir un peu peur. Je n'écoute pas les ragots Qui se disent sur mon ombre. Je n'y crois pas. Elle s'efface.